Industrialisation : Focus sur les grandes lignes du Pacte de l’industrialisation

Lundi, les secteurs public et privé ont conjointement signé le Pacte de l’industrialisation, un document qui établit les grandes orientations de l’industrie à Madagascar ainsi que les engagements mutuels entre les deux parties. Ce pacte est destiné à façonner l’avenir de l’industrie du pays pour les 20 et 30 prochaines années.

Le Pacte de l’industrialisation marque “la volonté commune et la ferme détermination des secteurs publics et privés d’aller vers une nouvelle ère industrielle”, souligne le Syndicat des industries de Madagascar (SIM), dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Les projets et les engagements inscrits dans ce document devraient permettre de doper l’économie de la Grande île. Focus sur les grandes lignes de ce Pacte de l’industrialisation.

Augmenter le taux de contribution de l’industrie au PIB

Lors de l’atelier de validation du Pacte de l’industrialisation en juin, le débat a été ouvert par les industriels présents concernant l’objectif de porter la contribution de l’industrie au PIB à 20% d’ici 2030. Certains se sont interrogés sur le caractère trop ambitieux ou alors insuffisant de cet objectif, compte tenu des aspirations économiques de Madagascar. Ils ont exprimé leurs inquiétudes en soulignant que si Madagascar atteint un taux de 20% en 2030, d’autres pays africains auront déjà atteint un objectif de 40% à cette date. Finalement, les deux parties ont convenu de relever le taux de contribution de l’industrie au PIB, actuellement à 15%, à 25% d’ici 2030 et à 30% d’ici 2040. Cette mesure vise à rester compétitif par rapport aux pays émergents d’Afrique, dont certains ont déjà atteint un taux de contribution de 20% au PIB et devront accélérer leur progression pour atteindre 40% au cours des 20 prochaines années.

Engagements financiers

Pour amener la contribution au PIB du secteur industriel à hauteur de 25% dans dix ans, les secteurs privé et public s’engagent à investir 1,5 milliards de dollars additionnels jusqu’en 2030. Le ministère de l’Industrie, du commerce et de la consommation s’engage également à lever 30 millions de dollars sur six ans pour alimenter le portefeuille du Fonds national pour le développement industriel (FNDI). Inscrit dans la loi sur le développement industriel, ce fonds devrait permettre de financer le développement de l’Industrie à Madagascar.

Orientation des secteurs prioritaires

Ce pacte synthétise également les activités majeures à mettre en œuvre dans les secteurs industriels prioritaires, dont l’agribusiness, le textile et l’habillement, les huiles essentielles, la transformation minière et les énergies renouvelables. Dans l’agribusiness par exemple, l’Etat s’engage à réduire ou éliminer les barrières à l’entrée pour les nouveaux investisseurs, tandis que le pour secteur privé, il s’agit de développer des outils de financement pour l’accès aux intrants, ainsi que pour la sécurisation de l’agrégation et prioriser les PPN afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Dans le textile et l’habillement, les industriels doivent “créer une marque conforme et de confiance pour les produits made in Madagascar” et stabiliser le régime juridique des entreprises franches. Des comités de suivi seront mis en place pour assurer la mise en œuvre des orientations pour chaque secteur.

Continuité de l’Etat

La continuité de l’État est un aspect crucial souligné dans le Pacte de l’industrialisation. Les deux parties signataires garantissent à ce que les engagements énoncés dans ce pacte soient “imperméables aux changements politiques”, indépendamment des acteurs et des gouvernements en place. Un défi majeur pour les deux parties, car la question de la continuité de l’État est une préoccupation qui fait couler beaucoup d’encre à Madagascar, et qui figure parmi les raisons de non aboutissement de nombreux projets de longue haleine.

Des projets de loi en attente

Mais le Pacte devrait également aboutir à l’élaboration d’un projet de loi sur la programmation industrielle. Parallèlement, la publication des décrets d’application de certaines lois reste également en standby. Il s’agit des décrets d’application de deux lois importantes : la loi sur les investissements qui a été votée par le parlement en mai 2023, et la loi sur le développement industriel, promulguée en 2017, mais qui a subi des modifications en 2018.

Un Comité national pour l’industrialisation de Madagascar (CNIM) devrait être mis en place pour superviser la mise en œuvre des engagements inscrits dans le Pacte de l’industrialisation, souligne encore le SIM. Celui-ci devrait regrouper tous les signataires représentant les secteurs public et privé. Après sa signature par les différents partenaires, le Pacte de l’industrialisation devra encore être approuvé par décret pris en conseil des ministres.

Nambinina Jaozara

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