Tout le monde s’accordera à reconnaître que, ces derniers temps, les faits d’arme des forces de l’ordre ont crevé l’actualité. Tous les jours, en parcourant les faits divers dans les différents médias, on apprend que des bandits ont été abattus, soit qu’ils étaient en train d’exécuter leur coup, soit qu’ils se sont faits rattraper après coup.
Toujours est-il que toutes ces opérations se sont conclues par un extrême préjudice. S’il s’agissait de dahalo en train d’effectuer une razzia ou de bandits abattus dans une attaque armée, on comprendrait. Généralement, ces bandits sont armés et font toujours usage de leurs armes. Et c’est tout à fait légitime que les forces de l’ordre réagissent de la même manière.
Mais dans certains cas, ce qui s’est passé ressemble plus à une exécution sommaire qu’à une riposte. Tel est le cas de ce jeune homme, gardien dans un hôtel à Befotaka-Nord, qui, après un passage à tabac puis embarqué pour être transféré à Antsohihy, aurait été abattu en cours de route. Pour quelle raison ? D’habitude, on avance la tentative de fuite ! Ce qui n’est pas toujours fondée.
Ainsi, pour une question de téléphone portable porté disparu appartenant à un capitaine de la gendarmerie nationale, un jeune homme de 21 ans a perdu la vie. Est-ce à dire que les forces de l’ordre ont le droit
de vie ou de mort sans que le présumé coupable bénéficie d’un procès équitable ?
Les tribulations des forces de l’ordre n’ont plus de limite. La même semaine que cette exécution sommaire, un militaire a été arrêté dans la ville de Maintirano pour avoir ouvert le feu à plusieurs reprises avec son arme de service. Fort heureusement, il n’y a eu aucun blessé.
Mais certains de leurs actes se sont terminés plus tragiquement. On a encore dans l’esprit le passage à tabac effectué sur des civils par un groupe de militaires dans le quartier d’Avaradoha. Une des victimes aurait finalement décédé suite aux coups et blessures qu’elle a subis. Il va sans dire que cette tragédie n’a fait que raviver l’animosité de la population contre tout ce qui représente l’autorité.
Il faut se mettre en tête que la moindre bavure policière peut avoir de graves conséquences en cette période particulière. Ce sont ces actes inconsidérés de quelques éléments incontrôlables des forces de l’ordre qui suscitent l’animosité de la population – pour ne pas dire plus- à leur égard. On se demande bien pourquoi agissent-ils ainsi ? Ce n’est pas de cette manière qu’ils se feront respecter. C’est plutôt le contraire qui va arriver.
Pourquoi alors ? Pour terroriser la population ? Si c’était le cas, dans quel but ? Les responsables des forces de l’ordre devraient se demander pourquoi ces perturbateurs agissent ainsi. Il se pourrait bien que le fait de détenir une arme ait des effets néfastes sur leur comportement car on ne peut manquer de remarquer que certains de ces hommes armés ont la gâchette facile.
Aimé Andrianina