Pas sortie de l’auberge

Il faut rendre à Cé­sar ce qui appartient à César : La compagnie nationale de fourniture d’eau et d’électricité, la Jirama, a plus ou moins tenu sa promesse vis-à-vis des délestages. Il en arrive encore de temps en temps, mais il ne s’agit plus de ces dé­lestages intempestifs. Apparemment, la si­tuation semble s’être améliorée. Et tout le monde s’en réjouit.

Mais seulement, cette situation risque de se détériorer d’ici peu. La raison est que l’Association Profes­sion­nelle des Transpor­teurs d’Hydrocarbures (APTH) réclame son dû à la Jirama. Cette dernière aura des difficultés à honorer ses dettes envers l’APTH car elles sont énormes. Il ne s’agit pas de n’importe quelle somme.

Aujourd’hui, les im­payés de la Jirama s’élè­vent à 14 milliards d’ari­ary. Il faut savoir que cette association de trans­­porteurs a déjà accordé des concessions à la com­pagnie nationale avec l’échelonnement du paie­ment des arriérés. Mais, en fin de compte, la Ji­rama n’a pas honoré ses engagements. Ce qui a bien évidemment provoqué la colère des trans­­porteurs.

Pour cette raison, à cause du non-respect du contrat de prestation, les transporteurs d’hydrocarbures ont lancé un ultimatum à l’égard de la compagnie nationale d’eau et d’électricité pour que cette dernière prenne ses responsabi­lités. Cet ultimatum prendra fin le 15 août prochain et après cette date, si leur revendication n’est pas satisfaite, les transporteurs agiront en conséquence.
Bien évidemment, cette action portera sur le refus de transporter le carburant dont la Jirama a besoin pour le fonctionnement de ses centrales thermiques. La question qui se pose est de savoir si l’APTH met en œuvre son ultimatum, est-ce qu’il s’agira juste du carburant destiné à la Jirama ou bien de tous les carburants com­me ceux destinés aux stations-services, aux en­treprises, …

Si tel est le cas, la si­tuation sera pire encore. Non seulement les délestages reviendront en force faute de livraison auprès de la Jirama mais encore, une pénurie de carburant au niveau des stations-services causera sans aucun doute d’importantes perturbations en matière de déplacement dans la capitale. Les industries accuseront également une pénurie d’énergie.
Par contre, il faut re­connaître que le non-paiement des prestations des transporteurs de carburant mettrait
en péril leur existence même et par la même occasion les emplois de leurs salariés. Il reste à savoir si le transport par rails des citernes de carburants pourra satisfaire les be­soins en ma­tière de sources d’énergie de toutes les entités concernées.

Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne la fourniture de carburants en faveur de la Jirama, quand ce ne sont pas les pétroliers eux-mêmes, ce sont les transporteurs qui dictent leur loi. Et en dernière instance, ce sont les usagers de toutes sortes qui en sont victimes. Ce sera toujours la situation tant que la Jirama n’est pas encore sortie de l’auberge.

Aimé Andrianina

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