Vae victis

La célèbre phrase de Pierre de Coubertin :
« Le plus important n’est pas de gagner mais de participer », en se référant à la participation des athlètes aux jeux olympiques, n’est plus de mise aujourd’hui. Cela est d’autant plus vrai encore dans le sport de haut niveau.
Ce ne sont plus la participation, la victoire ou les titres qui comptent. Ce sont les contreparties matérielles, plus précisément les récompenses sous la forme de primes financières qui l’emportent. Et pour y arriver, certains athlètes n’hésitent pas à recourir à des expédients pourtant interdits (do­page). Espérons qu’aucun athlète ne tombera dans ce piège.
En ce qui concerne les 11èmes Jeux des îles de l’océan Indien, l’annonce selon laquelle toute médaille glanée, quelle que soit sa couleur, sera primée, constituera une source de stimulation supplémentaire pour les athlètes malgaches qui y participeront.
Rien que pour cette raison, qu’ils le veuillent ou non, la pression à laquelle les athlètes sont soumis sera plus grande encore. En effet, quel athlète ne fournira pas plus d’effort dans l’es­poir de décrocher une médaille, synonyme de prime ? Avoir les deux (la victoire et la prime) comblerait n’importe quel athlète.
Dans cette compétition régionale, la pression est plus grande pour les athlètes locaux par rapport à ceux des îles voisines. Il est toujours difficile de jouer à domicile car on attend toujours beaucoup d’eux. Seuls les vrais champions sauront dépasser cette pression en y faisant abstraction.
Etre le pays hôte de ces Jeux est un grand honneur pour Mada­gascar. Et à ce titre, il est tout à fait légitime que l’on s’attende à ce que le pays récolte le maximum de médailles d’or pour se classer premier de ces Jeux. Et il n’y a rien de plus légitime et c’est ce que tout Malga­che attend.
C’est pourquoi, cha­que athlète participant à ces Jeux devra fournir le meilleur de lui-même nonobstant la pression. Il doit toujours se mettre en tête qu’il y a tout un peuple derrière lui. Ce qui peut également constituer un avantage quoique, dans certain cas, cela peut devenir handicapant.
Effectivement, la présence d’un public acquis à sa cause peut être stimulant. Mais si ce public est trop exigeant – et c’est le cas du public malgache -, c’est l’effet contraire qui arrivera. D’aucuns ignorent que le public malgache est très exigeant. Cela se voit dans son comportement qui frise parfois le chauvinisme exacerbé.
C’est ce qui attend nos athlètes dans ces Jeux. La moindre défaite ou des résultats autres que ceux attendus seront ainsi mal accueillis sans que l’athlète puisse bé­néficier de circonstances atténuantes. Alors, com­me on le dit : «vae victis» (malheur aux vaincus)

Aimé Andrianina

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