Le ver est dans le fruit

Si dans la capitale, l’ambiance de fête con­tinue depuis l’ouverture des 11èmes Jeux des îles de l’océan Indien, dans les autres localités, même dans celles pas tellement éloignées d’Antana­narivo, la vie se poursuit sans le moindre changement. Rien n’a changé notam­ment en matière d’insécurité qui persiste. La population vit quotidiennement avec la crainte de se faire attaquer à tout moment par les bandits de tout acabit.
Le double enlèvement qui s’est déroulé à Anjozorobe en fin de semaine en est la preuve. C’est la triste réalité dans laquelle vivent les populations en dehors des grands centres ur­bains. Les gendarmes qui réalisent l’enquête sur cet acte répréhensible ne disposeraient pour le moment d’aucune pis­te pour retrouver les mal­faiteurs. Pour­tant, il exis­te un fait qui devrait permettre aux enquêteurs d’avancer : C’est le montant de la rançon demandée par les ravisseurs.
Evidemment, en de­mandant une rançon élevée et bien précise (140 millions d’ariary semble-t-il), les ravisseurs doivent bien connaitre la famille des victimes et être certains que cette famille a les moyens de satisfaire leur exigence. Effectivement, il n’est pas logique que les ra­visseurs demandent une telle somme sans savoir si la famille des victimes est dans l’incapacité de réunir la somme demandée.
Une telle somme ne se trouve pas facilement et de surcroît pour une famille vivant en milieu rural. Par ailleurs, des personnes étrangères à la localité ne peuvent pas connaître les famil­les qui ont la capacité de réunir une telle somme. Donc, il a bien fallu que les ravisseurs aient bien ciblé leurs victimes. Au­trement dit, les ravisseurs se trouvent parmi la population locale ou tout au moins, ils y ont des informateurs sur place qui leur ont fourni les renseignements né­ces­saires.
Et c’est déjà une première information à partir de laquelle les enquêteurs peuvent pousser leur recherche. La collaboration effective de la population est sollicitée car c’est d’elle que doivent venir toutes les informations. Et la population a intérêt à agir dans ce sens car l’impunité des ravisseurs en­couragerait ces derniers à poursuivre leurs actes malfaisants. Et dans ces conditions, personne ne peut prévoir à l’avance qui seraient les prochaines victimes.
Bien sûr, au niveau de la population, il y a toujours cette peur de représailles de la part des ravisseurs ou tout au moins de leurs complices s’ils se faisaient attraper. Cette peur est tout à fait légitime. C’est un risque à courir et les forces de l’ordre se doivent de réduire au maximum ce risque en exterminant toute la bande. Il faut que les langues se délient car le ver est dans le fruit.

Aimé Andrianina

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