Ras-le-bol. C’est le sentiment profond que ressentent les usagers par rapport aux prestations de la Jirama. Les délestages n’en finissent pas, hormis les coupures fréquentes de l’approvisionnement en eau dans plusieurs quartiers. Depuis de longs mois, la population ne connaît généralement que quelques jours de répit, puis les coupures-monstres reviennent inlassablement, au point que, comme le vivent les ménages, tandis que les délestages constituent la règle, l’électricité fonctionnant normalement, sans interruption, est devenu l’exception, un véritable luxe…
Dans la colère, les gens d’Itaosy sont une fois de plus descendus dans les rues pour manifester leur désapprobation. Comme d’autres habitants d’autres quartiers auparavant. Si les gênes à la circulation
ne se justifient pas, le mécontentement peut aisément se comprendre. Quand ce n’est pas la période d’étiage, c’est le déficit pluviométrique, ou encore le trop plein de pluies, les orages, la foudre, les incidents techniques… La compagnie se confond chaque fois en explications a priori valables, mais qui ne le sont plus pour les usagers qui perdent patience et parlent plutôt d’excuses et de prétextes. A force, le courant ne passe plus.
Ce n’est pourtant pas faute de remontrances, de rappels à l’ordre voire d’ultimatum venant des plus hautes sphères de l’Etat. Mais rien n’y fait visiblement alors que les impacts de ces délestages intempestifs et durables sont de plus en plus destructeurs pour une économie déjà fortement marquée par près de deux années de crise sanitaire, puis maintenant les hausses dues au conflit en Europe. Le secteur privé a déjà beaucoup consenti, en acceptant notamment, il y a quelques semaines, de rationner sa consommation alors que le gap de production d’électricité était à son comble. Sans compter une inévitable hausse des tarifs pour les entreprises et les industriels. Les petites entreprises, travailleurs indépendants et autres artisans, eux, paient déjà le prix fort de ne pouvoir correctement exercer leur métier pour vivre décemment. Le déficit énergétique n’aura sans doute jamais été aussi prononcé.
Sabotages
Mais il y a également les sabotages… La compagnie nationale aura invoqué par trois fois,
en moins d’un an, des actes malveillants comme étant à l’origine des plus graves épisodes de délestages survenus au cours des derniers mois. Il y eut notamment vers la fin de l’année dernière le pylône de haute tension vandalisé, sinon volontairement scié du côté d’Andriampamaky (une localité proche de Mandraka), privant des milliers de foyers d’électricité pendant quelques jours. Puis, au lendemain du Nouvel an est survenu cet incendie qui a finalement abouti à l’explosion d’un transformateur de la centrale d’Andekaleka. Les autorités avaient alors privilégié la piste criminelle. Et pas plus tard qu’hier, pour expliquer l’origine des délestages de ces derniers jours, la Jirama a fait part de ses suspicions quant à l’existence d’individus malintentionnés qui auraient sectionné des câbles transportant de l’électricité d’Ambohimanambola à la sous-station d’Anosizato.
Si effectivement, comme le disent les petits malins et l’intelligentsia des réseaux sociaux, ces fait ne sont pas imputables aux opposants, ces derniers y trouvent malgré tout leur compte. Et pour cause, avec des sujets tels que la hausse des prix, le délestage donne du grain à moudre à l’opposition qui se nourrit des périodes de crise puisqu’il n’aurait strictement rien à dire dans les moments de calme. Elle en a fait et continuera d’en faire un argument pour critiquer le régime en place. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que des associations ou groupements prétendument de citoyens se font entendre en ce moment, presque simultanément, pour réclamer la démission ou la destitution de l’Exécutif. Bref, le timing est tout sauf fortuit. Logique, ou de bonne guerre dira-t-on puisqu’il en est ainsi partout dans le monde entier. Car il faut savoir que les coupures d’électricité ne sont pas endémiques à la Grande île. Des pays d’Afrique, comme le Mali ou l’Afrique du Sud, ou encore Cuba, ont aussi de plus en plus connu ces derniers temps les délestages. Et même en France, on parle de crise énergétique et l’on envisage une réduction de la consommation d’électricité.
Non pas qu’il faille s’en réjouir ou se résigner, la Jirama a du pain sur la planche.
N.R.