La prise en charge d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer n’est pas de tout repos. Non seulement elle est à vie, mais nécessite également un certain dévouement. Interview de Sylvia Rakotozafy, membre de bureau de l’ONG « Madagascar Alzheimer Masoandro Mody » en tant que coordinatrice chargée des familles.
* Les Nouvelles : Comment êtes-vous devenue membre de l’ONG « Madagascar Alzheimer Masoandro Mody » ?
– Sylvia Rakotozafy : J’ai connu «Madagascar Alzheimer Masoandro Mody» à travers une amie de longue date dont la mère est la présidente fondatrice de l’ONG. J’étais tout de suite convaincue de la raison d’être de l’organisation et surtout, passionnée de ses activités en faveur des personnes du troisième âge ou «Zokiolona». Depuis, j’ai toujours apporté ma contribution à chaque évènement de «Madagascar Alzheimer Masoandro Mody». Plus tard, je suis devenue membre active en tant que «Sakaizan’ny Masoandro Mody». Cela fait déjà 7 ans que je fais partie des membres du bureau en tant que coordinatrice chargée des familles.
* Que signifie exactement prendre en charge un patient atteint de la maladie d’Alzheimer ?
– Les personnes atteintes d’Alzheimer ou d’un trouble apparenté perdent leur autonomie et présentent par conséquent des dysfonctionnements, notamment en termes de communication. Les prendre en charge signifie leur donner toutes les chances de continuer à vivre dans un environnement adapté et inclusif. Avec beaucoup de patience, d’amour et de volonté, on peut leur donner une vie sociale qui permet de ralentir la dégradation de leur état.
* Une telle prise en charge ne nécessite-t-elle pas un accompagnateur bien préparé, c’est-à-dire spécialisé ?
– La prise en charge est à vie. Accompagner une personne atteinte d’Alzheimer nécessite en premier lieu une certaine compréhension de la maladie, son évolution et les différents comportements du malade. Des connaissances qui ne peuvent être acquises cependant qu’après une certaine formation. Permettant ensuite à l’accompagnateur de comprendre le comportement du malade et d’agir en conséquence. L’accompagnateur ou l’accompagnatrice devrait aussi avoir une certaine maturité, beaucoup d’amour et d’affection.
* C’est-à-dire un accompagnement qui n’est pas à la portée de tout le monde.
– Evidemment. Mais comme tout le monde n’a pas aussi les moyens de payer les services d’un infirmier spécialisé ou d’une assistante sociale, des proches ou des membres de la famille se portent en général comme volontaire et se relaient parfois. Force est pourtant de constater qu’un tel dévouement a ses revers. Il arrive effectivement que ces derniers se sentent à bout et désemparés en ayant l’impression de perdre le contrôle. Afin de leur remonter la morale, «Madagascar Alzheimer Masoandro Mody» les accompagne pour qu’ils puissent s’adapter à la mode de vie des malades. Les bénévoles de l’ONG organisent souvent des événements de détente afin que les accompagnateurs, les familles et les malades bénéficient d’un moment convivial et on en profite pour effectuer des séances de partages.
* Votre recommandation concernant cette maladie ?
– Procéder à un diagnostic médical une fois que les signes extérieurs se manifestent afin de bien discerner cette maladie des autres troubles mentaux. En général, ces signes se manifestent en trois phases. La première se traduit par une perte de mémoire à court terme. Dans la deuxième phase, on perd la notion de la réalité comme l’inversion du jour et de la nuit. Concernant la troisième phase, le patient perd ses sens, comme le fait de devenir insensible à la douleur ou au froid. A ceux-là s’ajoutent parfois la perte du sens de l’orientation, la difficulté à accomplir les tâches quotidiennes et une certaine trouble à communiquer.
Propos recueillis par Sera R.