En un week-end, la Haute cour constitutionnelle a bouclé la liste des candidats retenus pour le scrutin présidentiel du 9 novembre, et réglé le cas des dossiers incomplets et des cautions non versées, ainsi que de la sempiternelle question relative à la nationalité d’un des postulants. Ce faisant, le juge constitutionnel a tranché dans le vif, pas forcément au goût de tout le monde, mais par rapport aux critères établis par les textes en vigueur. Et a écarté les candidatures irrecevables, ou les vraies fausses candidatures, comme le fait remarquer une bonne partie de
l’opinion.
Et pour cause, pour dire les choses clairement, certains postulants déclarés ont visiblement fait la démarche auprès de la HCC plus pour faire parler d’eux que pour autre chose. En cela, certains peuvent se targuer
d’avoir réussi leur coup et seraient devenus présidents des réseaux sociaux, plébiscités car vierges de toute politique, voire des illustres inconnus, ou alors grâce à une apparence, un look volontairement négligé pour renvoyer une image proche du peuple. Tout cela grâce à deux ou trois documents déposés sur la flopée exigée, et sans même avoir payé les 200 millions
d’ariary… Pareillement pour d’autres mais cette fois pour d’autres desseins, notamment celui de mieux critiquer, de discréditer le scrutin à venir. Ces multiples retraits de candidature vont d’ailleurs également dans ce sens, tout comme le langage que tiennent des candidats retenus dont on se demande s’ils sont réellement prêts à affronter le verdict des urnes dès lors que la cabale n’a cessé depuis le tout début du processus : si ce n’est pas le recensement des électeurs, c’est la liste, ou encore l’entité organisatrice, les textes électoraux, la nationalité d’un candidat, la crédibilité de l’organe constitutionnel… tout y passe. Et chacun y va de son interprétation, s’improvisant encore une fois juriste ou constitutionnaliste. Qu’à cela ne tienne, ils seront encore 13 à prendre le départ de la présidentielle du 9 novembre.
Processus lancé
Et puis, voilà que l’ordre d’apparition de ces candidats à la présidentielle sur le bulletin unique, sur les panneaux d’affichage officiels, ainsi que l’ordre de passage des candidats pendant les temps d’antenne sur les stations publiques, est connu. L’étape marque un tournant important dans le processus électoral. Comme à l’accoutumée, ils se sont vus attribuer un numéro… Un numéro qui a posé et posera problème à certains.
Le fait est que, plus que dans les autres démocraties, ce que l’on pourrait qualifier de
dictature des chiffres semble autrement plus marquée à Madagascar. Preuve en est que, bientôt, plus précisément tout au long de la campagne électorale, l’identité nominale des candidats s’éclipsera quelque peu au profit de leur numéro. Est-ce dû au nombre de candidats
qui se présentent depuis quelques années aux élections, mais dans les discussions, le citoyen aura plus tendance à parler de chiffre que des concernés eux-mêmes, en particulier quand il s’agira d’en dire du mal. Le fanatisme chez certains est tel qu’ils risquent de s’en mordre les doigts lors de ce scrutin. Par exemple lorsqu’après avoir raillé, vilipendé, voire insulté un numéro, voilà que celui-ci est attribué à un autre candidat… Ce même fanatisme vaut aussi d’ailleurs pour les couleurs qui sont, depuis quelques années, devenues politiquement chargées. Tout cela constitue certainement un signe que, comme chaque fois, les élections semblent raviver l’intérêt de la population pour la chose politique. Mais celui-ci se mesurera certainement plus à l’aune du taux de participation des électeurs. La démocratie malgache, s’il en existe une, est relativement jeune et les dirigeants autant que les citoyens eux-mêmes sont encore en train d’apprendre. Mais le décor est dorénavant planté et, au-delà de la campagne, les autorités en place, organisations qui se disent de la société civile, ou encore les candidats eux-mêmes ont un rôle à jouer dans l’éducation et la sensibilisation électorales.
N.R.