Aux dernières nouvelles, elles seraient de plus en plus nombreuses les stations-services qui n’acceptent plus
les tickets carburants utilisés par les véhicules administratifs pour payer leur approvisionnement en essence ou en gasoil. On avance que cela serait dû aux incertitudes liées
à la conjoncture politique actuelle.
En théorie, ces tickets carburants ne devraient pas faire l’objet de refus de la part des stations-services car leur paiement est garanti par le Trésor public. Autrement, on pourrait interpréter ce refus comme un manque de confiance à
l’égard de l’Etat lui-même. Ce qui ne sera pas acceptable.
Si cette confiance ne se rétablit pas dans les meilleurs délais, il va de soi que cela va occasionner de grandes perturbations au niveau de l’administration publique. En effet, dans de nombreuses institutions publiques, la disponibilité de moyens de déplacement à tout moment est cruciale.
Et on voit mal des agents de l’Etat prendre l’initiative de recourir à des moyens de transport privés pour effectuer leurs déplacements de service pour ensuite demander de se faire rembourser. Ce sera toute une autre histoire pour obtenir gain de cause.
Quoi qu’il en soit, il est bien connu de tout le monde que ces tickets carburants font l’objet de tous les trafics au niveau des différentes institutions (départements ministériels…). Effectivement, au niveau de chaque institution publique ou de ses démembrements, on sait trop bien que le poste «carburant» est l’un des postes les plus budgétivores, sinon le plus.
C’est ainsi que certains responsables financiers auprès de ces institutions publiques et qui ont la lourde responsabilité de distribuer ces fameux tickets carburants au niveau de chaque service se sont enrichis. Ils détiennent un poste stratégique que beaucoup de leurs collègues envient.
Il est bien courant d’entendre que la distribution de ces tickets carburants ne se ferait toujours pas en toute équité et en fonction des besoins réels des utilisateurs. La distribution se ferait selon des critères non objectifs mais plutôt subjectifs (népotisme, corporatisme, favoritisme…).
Dans la pratique, bien souvent, ces tickets carburants sont utilisés à des fins autres que celles auxquelles ils sont destinés, à savoir, approvisionnement en carburants. Ils sont échangés contre des espèces sonnantes et trébuchantes auprès des stations-services. Les responsables de ces stations-services ainsi que les pompistes acceptent ces transactions en percevant des marges substantielles.
Effectivement, ils échangent ces tickets en dessous de leur valeur. Et finalement, toutes les parties se retrouvent satisfaites : le détenteur de tickets carburants obtient des espèces et le responsable de la station-service avec les pompistes réalisent un profit non négligeable. Cela montre que tout se trafique dans ce pays.
Aimé Andrianina