Non, cela ne se déroule pas dans le Sud du pays où c’est une situation des plus normales. Cela se passe dans la périphérie de la capitale : On enregistre actuellement une hausse exorbitante du prix de l’eau au bidon : entre 1 000 et 1 500 ariary. En fin de compte, la facture peut être salée au bout d’un mois. On ne peut pas faire autrement car l’eau, cet élément naturel, est une denrée vitale.
C’est la situation de fait à laquelle doivent faire face tous ceux qui ne disposent pas de l’eau courante. Les bornes fontaines sont prises d’assaut alors que l’eau n’y coule plus à flot. L’eau se raréfie. Même les abonnés de la Jirama souffrent de ce phénomène. La compagnie de distribution d’eau est dans l’incapacité de ravitailler normalement la population en eau.
On peut avancer deux explications qui peuvent permettre de comprendre cette situation. D’une part, nous sommes en pleine saison sèche et il n’a pas plu depuis un certain moment. C’est la période de l’étiage. Les réserves d’eau dans les lacs ne suffisent pas à faire tourner normalement les centrales hydroélectriques.
D’autre part, du fait de l’insuffisance de
l’électricité on ne peut pas faire fonctionner normalement les stations de pompage. Finalement dans de nombreux quartiers de la capitale, on n’a droit qu’à un petit filet d’eau sur le robinet. Mais cette pénurie d’eau ne frappa pas seulement Madagascar. D’autres pays en sont également victimes.
Si à Mayotte l’eau est déjà rationnée, à Johannesburg en Afrique du Sud et à l’île Maurice, le même phénomène de pénurie est constaté. Et si les restrictions d’eau n’y sont pas encore drastiques comme à Mayotte, des mesures préventives sont mises en place. Entre autres, on soutient la population par la facilitation de la possibilité d’acquérir des citernes…
Bien évidemment, à Madagascar, on ne pourra pas mettre en place le même système pour diverses raisons. Mais tout de même, on pourrait commencer par avancer des conseils anti-gaspillages. Quand les abonnés verront leur approvisionnement en eau diminuer au fur et à mesure, ils seront plus faciles à convaincre.
Quoi qu’il en soit, ce qui se passe actuellement donne à réfléchir car c’est un phénomène qui touche toute une région de l’Afrique. Et nul ne sait encore de quoi demain sera fait. Il est certain que cette pénurie d’eau ne sera pas dissociée du changement climatique et qu’elle figure parmi ses impacts. Mais la situation risque d’empirer au fil des ans. Qui le sait ?
De toutes les façons, tant que nous n’y pouvons rien, on pourra toujours invoquer le ciel pour que les premières pluies, voire les premiers cyclones, interviennent le plus tôt possible. Mais en attendant, force est de reconnaître que les bidons jaunes sont vraiment à la mode.
Aimé Andrianina