Alors que le processus électoral est enclenché, avec en sus des candidatures validées et que les numéros de chacun sont déjà octroyés, certains prétendants font encore tout pour que le processus stagne. Si les raisons semblent évidentes, a priori, car il s’agit tout simplement de la peur des élections, il est en tout cas important de se questionner sur les réelles forces de ce groupe.
Est-ce que le collectif des candidats, puisque c’est le nom que le groupe porte en ce moment, dispose de la légitimité pour saper un processus en cours ? Dispose-t-il d’une autorité valide pour que l’on renonce à des actions déjà entamées ? Des questions d’autant plus… légitimes que la population s’inquiète de plus en plus de leur intention.
En se référant aux principes du sociologue Max Weber fondés sur trois idéaux-types de légitimé, à savoir la légitimité traditionnelle, la légitimité charismatique et la légitimité légale-rationnelle, laquelle serait susceptible de s’adapter avec ce collectif des candidats ?
Il faut savoir que la légitimité traditionnelle repose sur les coutumes, les traditions et les valeurs historiques. Elle est souvent associée à la transmission héréditaire du pouvoir. Ce qui n’est apparemment pas le cas ici, dans la mesure où nous sommes en démocratie et non en royauté.
De la légitimité charismatique ? A priori, elle est basée sur la personnalité, le leadership exceptionnel ou le charisme. Les dirigeants charismatiques gagnent la légitimité en inspirant et en mobilisant les gens par leur présence, leur discours ou leurs actions. Pour autant, il suffit de revoir, encore une fois les membres du groupe pour comprendre que le charisme n’y est pas. Loin s’en faut.
Alors légitimité légale-rationnelle ? C’est là le plus important. Cette forme de légitimité est basée sur des règles, des lois et des procédures établies. Dans les démocraties modernes, la légitimité légale-rationnelle est la plus courante. Les dirigeants sont élus par des processus démocratiques, et leur autorité découle de la conformité aux lois et aux institutions. Les Etats de droit reposent sur cette forme de légitimité. Ce qui n’est pas en concordance avec le collectif qui, à défaut d’arguments, continue de critiquer publiquement les décisions d’une institution régalienne, dont la Haute cour constitutionnelle.
Morale ou éthique ? Rien non plus, lorsque l’on sait qu’au moins trois des personnalités membres du collectif ont comme famille politique d’origine le camp du régime actuel. Il s’agit d’un ancien président de la République et deux anciens ministres. Les trois font partie du cercle restreint des acteurs politiques ayant gravité autour du chef de l’Etat durant la Transition et qu’ils doivent en grande partie leur ascension politique au team « Orange ». De ce point de vue, ils ne disposent ni de la légitimité morale, ni de la légitimité éthique.
Il faut savoir que la légitimité d’un candidat à une élection présidentielle repose en grande partie sur le contexte politique, mais une chose est sûre : la légitimité présidentielle est généralement conférée par le processus électoral lui-même, c’est-à-dire par le vote des citoyens conformément aux lois et à
la Constitution du pays. C’est évident. Dans une démocratie digne de ce nom, la légitimité est étroitement liée aux élections et à la volonté populaire. Les dirigeants élus par des processus démocratiques obtiennent leur légitimité grâce au vote des citoyens. Rien de plus.
Raison pour laquelle il est important de se rappeler la dernière communication de la Haute cour constitutionnelle (HCC). Sur le fait que selon l’article 5 de la Constitution, « la souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l’exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect, ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de
la souveraineté ». Et qu’« Ainsi sont garantis l’Etat de droit et la démocratie exercée par la voie des urnes ».
Cela étant, la légitimité populaire est la plus importante dans un système démocratique. Elle est la légitimité politique par excellence qui découle du consentement libre et éclairé du peuple exprimé par des élections démocratiques. Elle est le fondement des systèmes démocratiques et repose sur le principe selon lequel le pouvoir politique émane du peuple et est exercé en son nom, dans son intérêt et avec sa responsabilité. Donc, comme l’avait déjà indiqué le chef de gouvernement, les élections, dans le respect de la date prévue, constitue la seule voie. Rien de plus.
J.P