Consommation en sucre : un gap d’en moyenne 120.000 tonnes à combler

La production en sucre n’arrive pas à combler la consommation de sucre à Madagascar. Le gap se chiffre en moyenne à 120.000 tonnes annuellement.

En 2022-2023, la consommation de sucre à Madagascar est de 161.784,33 tonnes, la production est de 91.570 tonnes. Madagascar a importé 74.222,39 tonnes de sucre en 2022 et en a exporté 4.008,06 tonnes.

“En moyenne notre besoin tourne aux alentours de 220.000 tonnes par an. Nous sommes donc obligés de combler le gap entre la consommation et la production locale à travers l’importation. Ce gap est d’environ 120.000 tonnes par an. Le recours à l’importation créé une hémorragie de devises et un déséquilibre au niveau de la balance commerciale”, expose Tantely Rakotonoely, responsable communication du Centre Malgache de la Canne et du Sucre (CMCS), interviewé en marge de la Foire Internationale de l’Agriculture. C’est un organisme rattaché du ministère de l’industrie, du commerce et de la consommation (Micc) et le ministère en charge de l’Agriculture (Minae).

Le sucre étant un produit de première nécessité, cela explique le besoin grandissant et le prix qui suit cette tendance haussière. Le fait est que la culture de la canne à sucre nécessite de vastes superficies et la transformation est aussi confrontée à plusieurs obstacles, à commencer par le matériel, même si, contrairement à auparavant où il fallait les importer de Chine ou d’Inde, des startups malagasy sont capables aujourd’hui de concevoir ces machines.

Dans tous les cas, sur ces cinq dernières années, c’est en 2021 que la consommation en sucre a été la plus élevée, avec 283.004,48 tonnes. Avec une production locale de 89.935,20 tonnes, Madagascar a été obligé d’importer 197.337,91 tonnes et a exporté 4.268,63 tonnes.

En 2020, le besoin a été de 205.840,48 tonnes, contre une production de 80.940,85 tonnes, une exportation à 17.501,11 tonnes et 142.400, 74 tonnes importées. En 2019, la consommation a été de 224.216,38 tonnes, la production 96.904,40 tonnes, l’exportation 20.501,81 tonnes et l’importation 147.813,79 tonnes, contre une consommation de 197.719,54 tonnes, une production de 90.182,30 tonnes, une exportation de 14.800 tonnes et une importation de 122.337,24 tonnes en 2018.

En termes de production sucrière, deux sites d’exploitation sont opérationnels à Ambilobe et Namakia. En 2022, l’usine d’Ambilobe a produit 65.522 tonnes de sucre et celle de Namakia 26.048 tonnes.

A ce niveau, le Centre Malgache de la Canne et du Sucre (CMCS) dispose d’une vaste mission. “Il contribue à la relance des usines sucrières. A terme, l’objectif est d’être autosuffisant en sucre d’ici 2030. Nous nourrissons l’espoir d’atteindre ce but ou d’au moins diminuer drastiquement les importations d’ici là”, indique Tantely Rakotonoely.

La structure collabore avec plusieurs paysans producteurs, des coopératives, des entrepreneurs, des associations, en les dotant notamment en matériels dans le but d’améliorer leur production qui, pour la plupart, s’opère de façon artisanale, mais également à travers des formations. “Nous procédons également à l’introduction de variétés de canne à sucre plus industrielles et performantes, en collaboration avec le Cirad à Montpellier. On procède d’abord à ce que l’on appelle une mise en quarantaine fermée pendant deux ans à Nanisana. Puis la quarantaine se poursuit dans un endroit aéré à Brickaville pendant encore deux ou trois ans. Un essai industriel intervient par la suite dans les champs d’expérimentation des usines sucrières. Si une variété est performante dans une zone, on en distribue gratuitement auprès des producteurs”, explique le responsable communication.

S’agissant de l’assistance en faveur des paysans producteurs, il y a plusieurs façons de s’y prendre. “Il y a d’abord ceux qui sont implantés auprès des sites d’exploitation car leur récolte est réceptionnée par l’usine. Ces producteurs bénéficient d’un encadrement pour améliorer le rendement et la qualité. Les producteurs qui ont une ambition d’entreprendre bénéficieront, eux, de formations et seront mis en contact avec des opérateurs ou des startups fabriquant des machines très utiles comme les broyeurs (…) Les cannes à sucre vont toujours pousser quand on les cultive mais le problème généralement, c’est la transformation. Dans tous les cas, il est préférable que le champ de canne à sucre et l’usine de transformation se situent à une distance de moins de 50 kilomètres l’un de l’autre, pour des questions de rendement”, conclut Tantely Rakotonoely.

A noter qu’au niveau mondial, le Brésil est le premier producteur de canne à sucre, avec 62 % de la production mondiale ; plus de 50 % de sa production est destinée à l’éthanol carburant. D’après le Cirad, la demande mondiale pourrait monter à 210 millions de tonnes en 2030 et plus de 100 pays font pousser de la canne à sucre, pour un total de 265 000 km² de surface exploitée.

Sources chiffres : Statistiques de la filière du Sucre (CMCS)

Tiana Ramanoelina

Partager sur: