FFKM : l’efficacité de la médiation remise en question

Certains observateurs commencent à s’interroger sur la nécessité de la médiation menée par le FFKM actuellement. En effet, ce dernier a toujours joué le rôle du médiateur qui n’a pas empêché pour autant les querelles politiques à Madagascar, selon leur constat.

Quel apport pour le pays, à propos de la médiation politique menée par le Conseil œcuménique des églises chrétiennes à Madagascar (FFKM) actuellement ? L’ana­lyste politique Soalihy Moussa s’est posé cette question. D’après lui, cette entité religieuse n’en est pas à son premier coup d’essai, qui a rappelé au passage les médiations menées par le FFKM durant les crises politiques de 1991, 2002 ou encore en 2009.
« En dépit des efforts de médiation, le pays a continué de s’enfoncer dans des crises politiques qui ont fait des victimes, comme c’était le cas lors du carnage du 10 août 1991. Cela s’est poursuivi en 2002 où le pays se trouvait au bord de la guerre civile, malgré la médiation menée par le FFKM », a rappelé Soalihy Moussa, hier à Antaninare­ni­na.

Impuissant

Ce membre du Cercle de réflexion inter-musulman à Madagascar poursuit que ces crises ont donné également naissance à un désir de vengeance politique. Cer­tains politiciens ont dû s’autoexiler pour fuir les persécutions politiques. Cela a démontré l’impuissance du FFKM, selon toujours l’analyste qui se demande par ailleurs si la médiation menée actuellement apportera quelque chose de positif au pays.
Cet « échec » de la médiation s’expliquerait, selon Soalihy Moussa par le fait que le FFKM n’est pas représentative de la population. Et pour cause, l’avis de certaines communautés dont, les chefs traditionnels, ou encore la communauté musulmane, n’a pas été pris en compte en tant que médiateurs. C’est pourquoi les problèmes du pays sont partiellement résolus.
« Ce n’est pas pour rien que les politiciens demandent la bénédiction de ces chefs traditionnels avant cha­que élection. Ils sont conscients de l’importance des personnes occupant ce statut au sein de la société », poursuit Soilihy Moussa.

Autoévaluation

Soilihy Moussa a proposé au FFKM de faire une autoévaluation afin de trouver les failles, à l’origine de l’échec de sa médiation. Il s’interroge toutefois si la conciliation menée actuellement, est indispensable face au processus électoral en cours, d’autant que l’élection présidentielle aura lieu dans moins de deux mois.
De son côté, l’ancien député élu à Mananara Ava­ra­tra, Boniface Zakahely pense qu’il faudrait mettre en place un agenda précis pour réussir la médiation, et préciser l’objectif du dialogue. Par ailleurs, un suivi de l’exécution des décisions prises devrait être également fait pour éviter que ces pourparlers ne soient pas une autre perte de temps, comme cela a toujours été le cas, selon toujours cet ancien membre de la Chambre basse.
A noter que depuis quel­ques semaines, le FFKM mè­ne une consultation auprès des entités et acteurs politiques. Après la récente rencontre avec les candidats à l’élection présidentielle, les chefs d’église ont reçu, hier, les chefs d’institutions, à huis clos.

Tsilaviny Randriamanga

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