Peut mieux faire !

Si l’on s’en tient au classement du Fonds monétaire international (FMI), Madagascar avec un taux de croissance supérieur à 4% figurerait dans le top 20 des pays d’Afrique qui devraient réaliser les taux de croissance les plus élevés en 2023. Cette performance serait due à la mise en œuvre des investissements dans les secteurs productifs et les secteurs sociaux. Cette performance se doit d’être saluée car on se trouve dans un contexte mondial difficile sur tous les points de vue.

Mais ce classement du FMI appelle également d’autres remar­ques qui ne sont pas toujours en faveur de la Grande île. Effective­ment, si l’on regarde les 2 premiers de ce classement, à savoir la Lybie et le Sénégal, on remarquera que leur performance respective est indissociable à l’exploitation des hydrocarbures tirés de leur sous-sol. A la tête de ce classement, la Lybie a un taux de croissance de l’ordrede 17,9% grâce no­tam­ment à un «  fort rebond de sa production pétrolière ».

Quant au Sénégal qui arrive au second rang avec un taux de croissance de 8,1%, c’est surtout grâce à «  l’entrée en production de plusieurs gisements d’hydrocarbures découverts ces dernières années ». Or, on sait trop bien depuis fort longtemps que Ma­da­gascar possède d’énormes potentiels en hydrocarbures, que ce soit au niveau continental ou en off-shore. Mais apparemment, l’exploitation de cette richesse ne figure pas parmi les priorités de tous les gouvernants qui se sont succédé. Allez savoir pourquoi ?
On sait bien que l’extraction pétrolière re­quiert d’énormes investissements que le pays seul ne pourrait pas satisfaire. Il faut donc recourir aux fameux investissements directs étrangers. Et pour attirer ces investissements étran­gers, l’existence d’une stabilité politique est l’une des conditions sine qua non. Autrement dit, ce n’est pas dans la conjoncture actuelle que l’on peut espérer l’arrivée massive d’investissements étrangers du fait des incertitudes liées à la période électorale et même après.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas tomber dans le piège consistant à croire qu’atteindre un taux de croissance élevé est une fin en soi. Il faut savoir qu’un taux de croissance élevé dans un pays ne rime pas toujours avec une condition de vie des plus meilleures pour sa population. Et bien au contraire, il existe des pays où le taux de croissance est considéré de bien faible (avoisinant le 1%). Mais la population y vit bien car elle dispose tout au moins des besoins fondamentaux (travail, eau, électricité, logement…).

Finalement, atteindre ou non un taux de croissance élevé n’est pas une fin en soi, disait-on. Ce n’est qu’un indicateur macro-économique, entre autres. Le plus important est que tout le monde puisse avoir tout ce dont il a besoin proportionnellement à la sueur de son front, que tous aient la même chance de réussite. Tout dépend encore et surtout d’une répartition plus équitable de toutes les richesses créées dans le pays. Et à ce sujet, Ma­dagascar peut mieux faire.

Aimé Andrianina

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