Informels et hors normes

Il est de la nature hu­maine de chercher à vivre dans les meilleures conditions possib­les. Tout le monde aspi­re à habiter dans un logement salubre, sé­cu­risé… Mais la réalité est toute autre. 85% de la population totale à Madagascar vivraient dans des logements informels, c’est-à-dire, des logements ne res­pectant pas les mesures de planification urbaine et n’étant pas en règle en termes d’autorisation. Et dans la capitale, 72% de la population seraient concernés.
On comprend mieux pourquoi tout le système d’assainissement de la capitale est défail­lant et que les risques d’inondation sont ré­currents chaque année, pendant la saison des pluies dans de nom­breux quartiers. Les constructions ne sont pas prévues dans le plan d’urbanisme de la capitale et en conséquence, tout le système d’assainissement fait défaut. La raison est que tout le monde fait ce qu’il veut en matière de construction et la croissance in­contrôlée des grands centres urbains accentue ce problème.
D’aucuns ignorent que les grands centres urbains telle qu’Antana­na­rivo attirent chaque année de nouvelles va­gues de migrants qui y viennent habiter pour diverses raisons. Alors, il faut répondre à la de­man­de croissante de logements des nouveaux venus. Cette demande de logements est estimée à environ 1,8 million d’unités. Comme les nouvelles constructions n’arrivent pas à suivre le rythme de la demande,
il est évident que cette demande ne sera pas satisfaite et se traduit bien souvent par une hausse des loyers.
Par ailleurs, compte tenu de la pression de la demande de logements, les constructions sont réalisées n’importe comment et en fin de compte, elles sont de mauvaise qualité et ne répondent en aucune façon aux normes qui sont de mise. 80% des constructions seraient ainsi hors normes. Autrement dit, toutes ces constructions hors normes risquent de provoquer des incidents qui seraient susceptibles d’être fatal pour les habitants.
Certes, les normes internationales sont très exigeantes et il est diffici­le de croire qu’elles pour­raient être atteintes par les constructions locales. En effet, suivant ces normes, entres autres, une surface habitable devrait mesurer au moins 9 m2 avec une hauteur sous plafond d’au moins 2,20 m. Or, généralement à Madagascar, une telle surface habitable est susceptible d’accueillir une famille entière de 5 personnes au moins.
Les constructions se font d’une manière in­formelle et hors normes principalement à cause de l’insuffisance des moyens du promoteur. Comme bien souvent, ils n’ont pas d’accès aux prêts immo­biliers, les propriétaires se débrouil­lent avec les moyens
du bord. Ce qui expli­que en partie l’absence de qualité des nouvelles constructions. Fina­le­ment, on fonctionne toujours dans l’informel et le hors norme.

Aimé Andrianina

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