Mercredi des idées en goguette: Point de non-retour

Le coup d’envoi de la campagne de propagande a sonné hier. Commence donc le ma­rathon d’un mois pour les candidats afin de convaincre les électeurs à voter pour eux pour la direction du pays lors du prochain quinquennat. Les panneaux d’affichage fleurissent depuis lundi un peu partout. Il faut dire que côté administration centrale, le dernier Conseil des ministres a approuvé la prise en charge des panneaux d’affichage pour cette campagne de propagande, après l’adoption, précédemment, du budget pour la sé­curisation avant, pendant et après élection, ou encore de la rallonge budgétaire pour la Ceni. Des dispositions prises qui ont solutionné les derniers petits problèmes technico-financiers qui auraient pu perturber la tenue matérielle de l’élection. C’est pour ainsi dire qu’on s’achemine inexorablement vers le scrutin présidentiel.

Aspiration

Pour ce qui est des préparations techniques de la chose, la Ceni a fait savoir qu’elle a déjà ré­ceptionné un premier lot d’imprimés électoraux le week-end passé ; entre autres des bulletins de vote. Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de retour en arrière possible pour la tenue du 1er tour de l’élection présidentiel­le le 9 novembre. D’ail­leurs l’institution électorale a tenu à marquer le pas en véhiculant des messages nécessaires en cette période électorale. D’abord en appelant tout un chacun à préserver l’unité nationale, le «fihavanana ma­lagasy» et l’ordre public. Puis en rappelant une nécessité de neutralité de l’administration et des lieux de culte, en passant par la transparence des financements électoraux qui pèse sur les candidats ainsi que les limites à ne pas franchir pendant la campagne en termes de vie privée, d’atteinte à l’honneur ou de discrimination.

Nous voilà donc plon­gé en plein dans la campagne de propagande et visiblement une grande partie de l’opinion pub­lique s’en accommode complètement. La preuve, jusqu’ici, du moins pour la première journée de campagne, on n’a pas entendu d’agression ou de violence à l’encontre d’une telle ou telle équipe d’un tel ou tel candidat. Per­sonne n’a vandalisé les panneaux d’affichage installés par les techniciens électoraux. Preuve encore que le peuple veut une élection présidentielle. On est bien conscient que seule l’élec­tion présidentielle permettrait de dé­partager toutes les forces politiques. Les démonstrations de force et autres manifestations par-ci par-là ne valent rien ; du moins elles ne permettent pas de mesurer pleinement le poids d’un tel ou tel candidat. Il n’y a que le scrutin qui com­pte. Voilà donc le collectif des onze candidats, in­formé de l’aspiration profonde du peuple, de la Nation.

Sanction

Empêcher ou même repousser l’échéance électorale du 9 novem­bre serait ainsi aller à l’encontre de la volonté du peuple. Ce peuple, qui il ne faut plus le dire, croule sous le poids des dif­ficultés quotidiennes à cause de différentes crises traversées récem­ment. Notamment la crise de la pandémie de covid-19, de la guerre en Ukraine mais aussi des crises climatiques dont notre pays est l’un des plus exposés ; plus de trois cyclones ravageurs en un été c’est trop, sans parler de la sécheresse qui frappe régulièrement le Sud-ouest de l’Ile. Une crise politique serait la goutte d’eau qui ferait déborder la vase. Le peuple n’en veut certainement pas.
Quoi qu’il en soit, le collectif des onze candidats s’expose à des sanctions en s’insurgeant contre la tenue de l’élection présidentielle, du moins en continuant de dénigrer de la sorte la Ceni et la Haute Cour Constitutionnelle. La loi organique n°2018-008 en son article 208 est claire. Ils risquent ni plus ni moins que la disqualification. Cet article dispose «toute personne exerçant une haute fonction ou un haut emploi civil ou militaire de l’Etat, candidat à une élection n’ayant pas démissionné, conformément à l’article 6 de la présente loi organique, encourt la disqualification. Il en est de même pour tout candidat à une élection qui fait des déclarations pub­liques tendant à jeter le discrédit sur l’Adminis­tration électorale ou les institutions judiciaires, ou tendant à exercer une pression sur elles avant qu’elles ne statuent».

Pour l’heure, il n’y a qu’un seul candidat, le candidat n°3, qui prend au sérieux le jeu de la démocratie en entamant comme il se doit sa campagne de propagande. Visiblement, pour lui il n’y aura pas de pilotage à vue, il y a une partition bien définie qu’il aura juste à jouer par la suite. Il ne faudrait pas s’étonner s’il gagne haut la main cette élection, et cela dès le 1er tour.

J.P

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