Ni paix, ni sécurité

Deux femmes ont subi un acte de barbarie odieux : elles ont été énuclées par des in­connus. L’une d’elles
a d’ailleurs succombé suite à ses blessures. Cela s’est passé dans
le Sud-ouest du pays (dis­trict d’Ampanihy). Ainsi, en quelques mi­nutes leur vie a basculé de la lumière au noir complet car on leur
a complètement dé­pouillé de leurs yeux.

Si ces actes commencent à devenir ré­currents dans plusieurs régions de l’île ces derniers temps, pour le moment, on en ignore encore les vé­ritables raisons de ces agissements. Toujours est-il que ces actes créent une véritable psychose dans les coins reculés. En conséquence, cela peut aboutir à des vindictes populaires à la moindre suspicion.

C’est le danger qui guette tout étranger
s’aventurant dans un endroit où il est inconnu mais qui, pour une raison ou une autre bien dif­férente évidemment de collectionner les yeux, est amené à y aller. On a déjà eu droit à des vindictes populaires pour moins que ça. La fameuse hospitalité des Mal­gaches, en particulier en milieu rural, n’est plus qu’un mythe.

En tout cas, il ne peut pas s’agir de trafic d’organes comme certains peuvent le supputer. Cela nécessiterait tout un équipement sophistiqué qui devrait permet­tre la conservation des organes prélevés le temps qu’on arrive à
un centre spécialisé pour les traiter. Et ça
ne court pas les rues. A savoir encore s’il en
existe déjà.

Ce n’est pas non plus un acte gratuit vu dans quelle atrocité il a été exécuté. On ne va pas s’amuser à faire de telles choses juste par jeu. Fi­nalement, il ne peut s’agir que d’un acte de banditisme lié à la sorcellerie. Il semblerait que certains prospecteurs d’or ou de pierres précieuses procéderaient à des rites sataniques pour leur permettre de découvrir le filon de leur vie.

Et pour réaliser ces rites, il leur faudrait
des organes humains. Le rapt de personne « varira » (albinos) s’expliquerait également dans cette logique. Et pour devenir riche, beaucoup de personnes ne reculeraient devant rien, quitte à sacrifier un de leurs semblables.
Si dans les grandes villes, dans la conjoncture actuelle, la population a à supporter les effets du gaz lacrymogène utilisé par les forces de l’ordre pour mater les manifestants, dans les régions éloignées, la situation est plus grave encore. Si ce n’est pas la vie tout court (avec les exactions commises par les dahalo), ce sont vos organes qui sont en péril.

Tout compte fait, qu’on soit riche ou pauvre, on se trouve embarqué dans la même galère. Si les riches ont peur pour leurs biens (atta­ques à main armée, kidnapping…) et leur vie, les pauvres eux ont à craindre pour leurs or­ganes. C’est le peu qui leur reste. Ainsi, pour tout le monde, il n’y a pas de paix ni de sécurité.

Aimé Andrianina

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