Discours de Christine Razanamahasoa: une trahison pour sa famille politique

Le pouvoir change les gens et les corrompt. La prise de position de la présidente de l’Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, hier lors de son discours d’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale, le confirme bien.

Le discours, clouant littéralement le régime en place au poteau, s’apparente à une trahison pour sa famille politique d’origine. Incompréhen­sible de la part de celle qui est devenue ce qu’elle est, politiquement s’entend, grâce à ce régime qu’elle poignarde pourtant dans le dos actuellement.
Elle qui avait toutefois fait l’objet d’une véritable humiliation infligée par le régime HVM un matin du 6 avril 2018, quand elle avait été expulsée manu militari de sa résidence à Amparibe par un certain Hery Rajaonarimam­pianina, alors président, et pour lequel actuellement elle prend fait et cause en tenant le même langage que le « collectif des candidats ».
Le ton de son discours d’hier à l’Assemblée nationale a laissé tout le monde abasourdi, extrêmement à l’opposé de celui de son parti et de sa famille politique. En effet, tandis que Andry Rajoelina a toujours fait part de sa volonté à aller vers les élections en respect de la Constitution, notamment en organisant le grand carnaval de di­man­che, marquant le début de sa campagne à Antana­narivo, Christine Razana­mahasoa, elle, ne jure que « l’approche par la voix du peuple qui seul détient la solution » (sic).
Elle abonde ainsi clairement dans le sens des 11 politiciens, qui se sont porté candidats mais qui font tout pour éviter les élections. Pendant que le gouvernement en place n’a cessé de proposer des endroits pour permettre à ces candidats d’organiser des manifestations pacifiques, la présidente de la Chambre basse, elle parle «  d’un peuple qui souhaite s’exprimer mais on ne lui accorde ni l’espace ni la parole ».

Extraconstitutionnel

Christine Razanama­­ha­soa dévie de la ligne de conduite de son parti, en osant même renier avoir eu le mandat de son parti pour siéger à la tête de l’Assemblée Nationale, affirmant en lieu et place avoir été élue présidente « à l’unanimité par toutes les sensibilités politiques ». Elle est même allée plus loin, s’arrogeant le pouvoir d’appeler la communauté internationale à s’immiscer dans les affaires internes de Madagascar, et se mettant « à la disposition de la République ».
La couleur est annoncée, rappelant le célèbre discours du Général Charles de Gaulle qui s’était dit « être en réserve de la Républi­que », au lendemain duquel il avait déclaré avoir entamé le processus régulier pour constituer un gouver­ne­ment, contraignant le président du conseil de l’époque en Fran­ce à la démission. Celui-ci avait été investi nouveau président du Conseil, après avoir contraint les parlementaires à voter son investiture avec les pleins pouvoirs accordés au nouveau Gouverne­ment.
C’est probablement ce genre de schéma, à quel­ques nuances près, que Christine Razanamahasoa, souhaiterait reproduire à Madagascar, livrant, estime-t-on, les prémices d’un véritable « coup d’Etat » qu’elle est en train de préparer, à croire son langage.
La présidente de l’Assemb­lée nationale n’a pas non plus manqué de s’attaquer au Premier mi­nistre et au gouvernement dont elle fustige « les insuffisances et les incompétences » (sic). S’inventant une situation de crise et des points de blocage qui n’en sont pas, elle a parlé de non-respect de la loi et de la Constitution, tout comme les autres candidats de l’opposition, sans citer un seul article qui aurait été violé. Elle a pointé du doigt la HCC et la Ceni, exactement comme le collectif des candidats, et s’est prononcée ouvertement pour le changement du Premier ministre et du gouvernement.
Elle a même remis en cause la date de l’élection présidentielle. Elle est allée jusqu’à affirmer vouloir consulter toutes les forces vives de la Nation pour « trouver une issue de crise pour l’intérêt suprême de la Nation ». Elle n’hésite plus à parler ouvertement de médiation donc, exposant gravement le pays à une voie en dehors de la Consti­tution, qui exige la tenue des élections avant la fin de cette année.
Dans tous les cas, Andry Rajoelina doit bien regretter d’avoir placé sa confiance aveugle en la personne de l’élue d’Amba­­to­finandrahana, dont le scrutin a d’ailleurs fait débat puisqu’elle n’est pas aussi adulée que cela dans sa région natale où elle a été mal élue. Mais le parti du président sortant avait décidé de l’adouber à la tête de Tsimbazaza, en faisant d’elle la première femme de l’histoire de Madagascar, à accéder au perchoir de l’Assemblée Nationale. Et voilà comment elle récompense cette confiance, plus traître, on meurt !

Rakoto

Partager sur: