Le textile malgache, un savoir-faire plusieurs fois séculaire, a connu un essor important grâce à
l’introduction des plantes textiles, la création de société de filature et tissage à l’initiative de l’administration coloniale à l’orée du 20e siècle et l’implantation des entreprises franches à partir des années 90.
Présent dans toutes les civilisations, le textile constitue un ambassadeur d’histoire et d’humanité, selon le chercheur en histoire de l’art, Tsiriniaina Hajatiana Irimboangy. D’après son constat, «Le Lamba, tissu traditionnel malgache, incarne toutes les valeurs de notre culture. En effet, Madagascar, île multiculturelle, est dépositaire d’une grande richesse de savoir-faire. On peut le constater à travers ces productions artisanales et tout particulièrement textiles, porteuses d’un héritage commun, témoins tangibles du respect inhérent que les Malgaches accordent à leurs ancêtres. Le lamba désigne aussi bien le vêtement porté que le linceul des défunts. C’est un tissu de vie et de mort».
Une tradition ancestrale, qui disparaît au profit de la mondialisation. «La majorité́ des Malgaches s’habillent aujourd’hui avec des vêtements produits en usine et adoptent le style standardisé et uniformisé à l’européenne. Cette standardisation est d’une part le résultat de la mondialisation et de la diffusion en masse de l’imagerie vestimentaire occidentale et d’autre part, largement développée par l’essor de la friperie. Une grande quantité de vêtements jetés et laissés pour compte par l’occident est acheminée vers Madagascar», a-t-il constaté.
Mode accessible
La raison évoquée pour ce choix est souvent liée au faible pouvoir d’achat des consommateurs de mode en matière de vêtements de marque. «Beaucoup d’efforts restent à déployer en matière d’investissement et de création d’emploi, pour une mode accessible au plus grand nombre. Il faudrait créer une usine de confection de vêtements et accessoires de la taille d’une entreprise franche, afin de couvrir les demandes de toute la population», argumente Sih Rakout, créatrice de mode.
A Madagascar le secteur Textile, habillement et accessoires (THA) participe activement au redressement économique du pays. «C’est le N°2 des plus grands employeurs de mains-d’œuvre et le secteur manufacturier N°1 à Madagascar. Il représente ainsi une valeur d’exportation importante», souligne Gabriella Vavitsara Rahantanirina, ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle.
La chaîne d’approvisionnement du textile fournit environ 180.000 emplois par an, dont 110.000 par les sociétés de confection exportatrices, selon les chiffres communiqués par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Les exportations de textile et d’habillement de Madagascar vers l’Union européenne (UE) et les pays membres de la Southern African development community (Sadc), plus particulièrement vers l’Afrique du Sud, ont connu une forte croissance ces dernières années avant la crise sanitaire liée au Covid-19. L’Economic development board of Madagascar (EDBM) observe une croissance annuelle de 31% en 2016 contre 4% en 2010.
Joachin Michaël