Mercredi des idées en goguette: Comme neige au soleil

S’enflammer sur une éventuelle “révolution des choux fleurs”…
c’était peut-être aller trop vite en besogne. La mayonnaise n’a pas pris. Le collectif a essayé de rameuter les syndicats… sans grand succès. Puis essayé de passer par les syndicats mais le mouvement n’a toujours pas pris.
Ils n’avaient désormais plus le choix que de jouer sur le terrain de la provocation pour montrer qu’ils existent, en l’occurrence tenter le forcing pour occuper la Place du 13 mai, et croiser les doigts qu’il
y ait affrontement, des blessés… voire des morts. Que l’on ne s’y trompe pas, contrairement au motif invoqué, il n’est plus question de liberté d’expression. Cela, ils ont pu en jouir allègrement du côté du Co­liseum d’Antsonjombe. L’ancien président Marc Ravalomanana a clairement lâché le vé­ritable fond de leur pensée : renverser le pouvoir en place. D’ail­leurs, en passant, ceux, parmi le collectif, qui ont déjà été au pouvoir ne pourront nier qu’ils ont déjà déployé les forces de l’ordre pour empêcher la tenue de manifestations. Alors, quand on parle ouvertement de coup d’Etat…
La crédibilité du collectif de candidats fond comme neige au soleil, tout comme leur nombre. Ils sont d’abord passés à 10 après la défection de Siteny Randria­nasoloniaiko qui a pré­féré faire campagne. Les bases de leurs arguments tombent une à une com­me un château de cartes. A savoir d’abord que l’ancien président du Sénat et même sa famille auraient fait l’objet de menaces physiques de la part de certains membres du gouvernement collégial, lui interdisant d’exercer la fonction de chef de l’Etat par intérim. La journaliste qui avait fait l’interview dira plus tard que ce n’était que mensonges et qu’elle se serait fait manipuler. Tout récemment, le voile s’est levé sur la double nationalité d’un des candidats du collectif. Ses partisans auront beau le défendre en invoquant inlassablement naturalisation et filiation, aucun distinguo n’est dit ni fait mention nulle part dans leur fameux “tsy mila vazaha”. Faites ce que je dis, pas ce que je fais ?
La réalité est que le mouvement n’a pas le soutien de la population parce que beaucoup ne croient pas vraiment en la sincérité de la démarche. Au sein même de ce collectif, certains se sont déjà acoquiné avec certains, d’autres ont justement déjà tenté de renverser untel… Le fait d’avoir échoué à présenter un candidat unique, qui aurait été plus logique, du moins d’après le commun des mortels, renforce d’autant plus l’idée qu’il s’agit plus d’accéder au pouvoir en s’alliant contre un adversaire commun que de réelle conviction d’œuvrer pour l’intérêt de la Nation.
Qu’à cela ne tienne, l’échéance du 16 novembre est proche et rien ne semble à même de pouvoir le reporter.

Rien que les élections

Le processus électoral est effectivement en marche malgré les ges­ticulations politiques. Il a été adoubé, validé, appuyé, financé par les citoyens anti-grève et qui n’attendent que d’aller aux urnes, les entités impliquées, partenaires et bailleurs internationaux qui y ont engagé des sommes colossales, de nombreuses organisations de la société civile présentes au sein des démembrements de la Ceni, les observateurs électoraux… Le principe de subsidiarité joue en faveur des élections à Madagascar quand, pas plus tard que le week-end dernier, la Sadc a souhaité, au cours d’une session extraordinaire, leur tenue.
En effet, le point 10 du communiqué publié à l’issue de ce Sommet ne souffre d’aucune am­biguïté : « Le Sommet a fait part de ses vœux de paix et de succès à la République de Mada­gas­car et à la République Démocratique du Congo car ces deux Etats, membres de la Sadc, tiennent leurs élections en no­vembre et décembre 2023 et a réitéré le soutien de la Sadc par le biais du déploiement de la mission d’observation électorale de la Sadc. »
Le collectif des candidats espérait un appui inconditionnel de la part de l’Union africaine. Marc Ravalomanana rêvait même d’une intervention des Casques bleus des Nations Unies. Ces plans ont échoué. Le collectif des candidats com­ptait jouer sur l’effet de surprise avec une opération de la dernière chance à travers une médiation de la Sadc. C’était son ultime cartouche. Malheureusement pour le collectif des candidats, la Sadc, comme les partenaires internationaux, s’est rangée à bon droit du côté de la légalité en privilégiant la poursuite et l’achèvement du processus électoral à Mada­gascar, comme le prouve le communiqué de la Communauté.
En faisant preuve de neutralité et en respectant notre souveraineté nationale, la SADC a démontré sa sagesse et sa capacité de discernement. Il est temps que le collectif des candidats revienne sur le droit chemin et se plie aux règles démocratiques.
En démocratie et dans un Etat républicain, le pouvoir se gagne par les élections.

Rakoto

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