Un monde immuable

On se trouve en pleine période culturale et les agriculteurs se sentent prêts à travailler dur pour avoir une bonne récolte. Seulement, la bonne volonté ne suffit pas. Encore faut-il disposer de tous les moyens nécessaires pour ce faire. Et parmi ces moyens, les intrants agricoles figurent en très bonne place. Ce sont les fondamentaux de l’agriculture.

Et c’est là que le bât blesse. Le prix des intrants agricoles ne cesse d’augmenter. Tel est le cas en ce qui con­cerne le prix des en­grais chimiques, in­trants indispensables pour les agriculteurs s’ils veulent améliorer leur rendement. Dans la majorité des cas, la quasi-totalité des en­grais chimiques utilisés à Madagascar a toujours été importée.

Mais aujourd’hui, il existe un engrais chimi­que produit sur place qui peut se substituer à certains engrais chimi­ques importés. Tel est le cas du sulfate d’ammonium produit par le projet Ambatovy. Il a été prouvé d’après les études effectuées qu’il peut remplacer l’utilisation de l’urée, surtout dans la culture du riz. Et comme il est produit sur place, son prix est moindre.

Ainsi, son utilisation par les paysans locaux, notamment dans la riziculture, atténuerait un tant soit peu les effets de la hausse de prix des autres intrants agricoles importés. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. La raison est qu’il est très difficile de parvenir à changer les habitudes des paysans dans leur activité de production. Ils restent très attachés à leurs pratiques que l’on peut qualifier d’ancestrales.

C’est un monde très réfractaire aux changements brusques. Pour que ce monde réagisse favorablement à l’introduction de nouvelles méthodes et techniques culturales, il faut toute la force de persuasion du monde pour les faire changer d’avis. Dans de nombreux cas, les techniciens agricoles ont beau tout faire pour que les paysans adoptent rapidement ces nouveautés, mais c’est peine perdue.

Et c’est l’une des raisons principales qui ex­pliquent pourquoi la productivité agricole tarde à s’améliorer dans le pays. Qu’on le veuille ou non, c’est l’un des facteurs de blocage au développement de l’agri­culture. D’autant plus qu’un bon nombre de nos agriculteurs n’ont pas pu acquérir un niveau d’études relativement élevé qui aurait pu leur permettre de comprendre plus facilement les bienfaits appor­tés par les nouvelles techniques agricoles.

En fin de compte, dans leur majorité, les techniques utilisées par les paysans sont celles qui ont déjà été utilisées par plusieurs générations auparavant. Tant que le monde rural restera imperméable aux nouvelles techniques, quelles qu’elles soient, il sera insensé d’envisager un véritable changement de ce monde.

Aimé Andrianina

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