Un fait divers banal pour les uns, une ignominie pour d’autres. Bien évidemment il y a ceux qui ne se sentent pas concernés tant que ça n’arrive qu’aux autres. Le fait est que ces derniers temps, c’est devenu de plus en plus courant. C’est peut-être à cause, ou grâce, c’est selon, mais le fait est que, que ce soit à travers les réseaux sociaux ou dans les journaux, le cas de viol et d’inceste est devenu banal. Il ne se passe pas une semaine sans que l’on entende un cas dans les médias.
Pas plus tard qu’hier, un octogénaire aurait violé une jeune fille de 13 ans. Une semaine auparavant, la publication de la photo d’une jeune fille qui avait déjà subi un viol par l’un de ses proches, sous couvert d’une action sociale avait provoqué un tollé sur la toile avant que l’initiateur de la publication se ravise. Ahurissant.
Renforcer la Justice
Face à l’ampleur du phénomène, certaines ONG vont en tout cas jusqu’à parler de culture. Qu’en est-il exactement ? Il est indiscutablement hasardeux de trouver des réponses en quelques lignes. Des enquêtes approfondies et des études devraient mener à des résultats concrets. Comment se fait-il que le phénomène existe encore à l’heure actuelle alors que, en principe, tout se sait à travers les nouvelles technologies ? Comment tel ou tel individu en arrive-t-il à commettre l’irréparable au sein même de sa famille ? Comment peut-on encore pardonner à des personnes ayant commis ces actes ? Est-ce le fait de rendre la loi plus contraignante à cet effet, sachant que la peine de mort n’existe plus, serait la solution idoine ? Autant d’interrogations à prendre sérieusement en compte dans le cadre d’une enquête approfondie sur ces actes.
La seule certitude, jusqu’ici, c’est qu’il faudrait briser l’omerta dans cette pratique. En effet, dans certaines localités, et pas forcément là où on dit « lavitr’andriana », ces cas existent mais que les pourparlers entre les familles et parents des victimes entérinent ce qui ne devraient être réglé qu’au niveau de la Justice. Les langues hésitent encore à se délier.
Sur le moment, cela pourra marcher mais pas sur le long terme. Et pour cause, cette pratique laisse des traces. Il suffit d’écouter attentivement les victimes pour le comprendre.
Des années et des mois après, et même durant toute leur vie, les victimes continuent toujours d’en souffrir.
Prise de responsabilité
Dans une enquête menée en 2019, par rapport à ces pratiques de viol et d’inceste, l’association Nifin’Akanga avait déjà signalé que 61% des violences envers les femmes sont des viols et agressions sexuelles et que 29,5% des cas de viol ont abouti à une grossesse et 39,5% des violées ont avortées. Pire encore, les agressions touchent aussi bien que les hommes que les femmes, les grands et les petits, et donc sans distinction de sexe ni d’âge.
Cela étant, il faut aussi reconnaître le travail des ONG et quelques membres de la société civile dans la mobilisation et la conscientisation des citoyens pour lutter contre ces pratiques mais il n’en demeure pas moins que ces efforts restent vains tant que ceux qui disposent du pouvoir de
« punition » ne prennent pas leur responsabilité. Il faudra donc sérieusement que chaque responsable étatique concerné puisse se pencher là-dessus non seulement dans la sensibilisation mais aussi dans la répression. A commencer, par exemple, par l’examen d’une proposition de loi contraignante sur les actes d’agression, et ensuite, dans la prise en charge des victimes. Il en va du respect du droit des individus au sein de la société.
Rakoto