Le décrochage scolaire demeure un problème majeur, malgré les efforts déployés ces derniers temps pour améliorer le secteur de l’éducation.
«On a engagé des réformes du système éducatif, construit des infrastructures, recruté et formé des enseignants, mais le taux d’achèvement reste faible, tant au niveau primaire que secondaire », a regretté Olivier Rakotomalala, chercheur auprès de l’Université catholique de Madagascar et non moins coordonnateur du projet de recherche intitulé « les déterminants de la réussite de la transition école/ collège à Madagascar ». C’était hier à l’UCM Ambatoroka, à l’occasion de l’atelier de restitution des résultats de ladite recherche menée par le Centre de recherche pour le développement de l’UCM.
Cet atelier entre dans le cadre du projet « Apprendre » de l’Agence universitaire de la francophonie, sous financement de l’Agence française de développement (AFD), selon MiaraLalaina Rajaobelina, responsable régionale du programme Apprendre de l’AUF.
Les statistiques sont éloquentes, selon Frédérique Andriamaro, Doyenne de la Faculté des Sciences sociales de l’UCM. « D’après l’enquête Mics Eagle de l’Unicef en 2022, le taux d’achèvement en primaire se situe en général à 56%, avec 86% pour le quintile le plus riche, contre 18% pour le quintile le plus pauvre. De même pour le collège, ce taux est de 26%, avec 67% chez les ménages aisés et seulement 3% pour les ménages à faibles revenus. Sur les 100 enfants inscrits en début du primaire, seuls 44,5 atteindront la dernière année et à peine 33,5 parviendront à entrer en secondaire », a-t-elle soulevé.
Faible niveau de vie du ménage
Ces travaux de recherche, menés dans trois régions à savoir Analanjirofo, Amoron’i Mania et Menabe, révèlent que le décrochage scolaire dépend principalement du niveau de vie du ménage concerné. En effet,
la probabilité d’abandonner l’école est relativement élevée pour les enfants issus des ménages ayant un revenu inférieur au Smig (250.000 ariary). Cette situation affecte essentiellement les enfants dont les parents travaillent dans le secteur primaire.
Selon les précisions, les coûts mensuels de scolarisation des enfants, représentent 36% du revenu des ménages ayant déscolarisé leurs enfants. Par ailleurs, les dépenses moyennes par enfant, lors de la rentrée scolaire, peuvent aller jusqu’à 250.000 ariary et même dépasser le double du revenu du ménage.
Outre l’aspect économique, la complexité de la transition école/collège est également liée à d’autres facteurs sociodémographiques du ménage comme la taille de la fratrie et le niveau scolaire des parents ou des questions de santé et de grossesses précoces.
Parmi les recommandations formulées par les chercheurs, la priorisation de mesures d’aides économiques ou d’accompagnement des ménages en vue d’améliorer leur niveau de vie, à travers notamment la création d’activités génératrices de revenus (AGR)…
Fahranarison