Tout le monde y trouvera son compte

Passera ou passera pas ? C’est la question que se posent beaucoup de personnes sur la proposition de lois sur la production et la commercialisation du « toaka gasy » ou l’alcool de fabrication artisanale. Si L’Assemblée nationale a déjà adopté le texte, le Sénat est appelé à y décider pour la seconde fois dans les jours qui vont suivre.
Une précision est nécessaire. Le mot « toaka gasy » englobe tous les alcools de bouche qui sont fabriqués artisanalement. Si la canne à sucre est généralement la plus utilisée la plus connue, il peut être aussi fabriqué à partir de nombreux autres produits de base (manioc, banane…). La question est de savoir si ce sont tous ces alcools qui sont prohibés ou seulement ceux fabriqués avec de la canne à sucre.
La décision du Sénat n’intéressera pas seulement les amateurs de ce type d’alcool. Mais ce sont surtout les fabricants et les distributeurs de cet alcool qui ont intérêt à ce que la loi soit votée. Et ils sont nombreux. En effet, on trouve le toaka gasy partout à Madagascar. Il n’y a pas un seul endroit où on n’en trouve pas. Même dans les grandes villes comme la capitale ou dans les localités les plus reculées, on en vend.
Pour cette raison, c’est une activité qui touche un très grand nombre de personnes. Loin de faire l’apologie du toaka gasy, dans le pays, surtout en milieu rural, il n’y a pas de fête, de cérémonie, d’évènement sans Toaka Gasy. D’où l’importance de la demande. Et comme c’est un produit prohibé, l’argent qui circule au sein de ce trafic d’alcool de fabrication artisanale est considérable. Mais cette somme échappe au fisc. Ce qui est vraiment dommage.
Les seules cargaisons d’alcool prohibé découvertes par les forces de l’ordre ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Et des fortunes se créent à partir du trafic d’alcool artisanal. Or, il serait erroné de croire qu’on pourra mettre fin définitivement ce trafic. D’autant plus que nous n’avons pas un Eliot Ness national et son équipe d’incorruptibles. Beaucoup d’intérêts sont en jeu outre le lobby des groupements qui sont hostiles à l’adoption de cette loi en raison de divergence d’intérêts.
Et à défaut de pouvoir l’arrêter, le mieux serait de chercher à le contrôler. Et cela ne pourra se faire qu’à la source. Par ailleurs, la mise en contribution des autorités locales dans le contrôle de la production et la commercialisation du toaka gasy de­vrait fournir à ces autorités des revenus substantiels additionnels avec la perception de divers impôts et taxes si jamais la loi était votée. Ce se­rait la meilleure solution possible et tout le monde y trouvera son compte.

Aimé Andrianina

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