Mercredi des idées en goguette: Leçon de pragmatisme

« Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts ». Une ci­tation attribuée au diplomate américain, Henry Kissinger, décédé, il y a une semaine. Reconnu par son pragmatisme et son sens de la stratégie politique, il avait servi plusieurs présidents de son vi­vant. On lui attribue également, entre autres, la détente avec l’Union soviétique ou encore le rapprochement de son pays avec la Chine, au moment de la guerre froide. Conseiller avi­sé, secrétaire d’Etat hors pair et stratège sans égal, il aurait pu, selon des analystes politiques devenir pré­sident s’il avait une origine américaine. Tou­jours est-il qu’il avait réussi à établir un standard pour tous ses successeurs au poste de secrétaire d’Etat. Sa disparition nous ramène en tout cas sur une réalité plus proche de nous sur le continent africain, au Niger.

En effet, le Niger a connu, ce qu’on appel­le communément un
« coup d’Etat », car des militaires ont déposé un président démocratiquement élu par la voie des urnes. Un fait courant ces derniers temps dans l’Afrique francophone. Alors que la plupart de ces voisins et du monde occidental con­tinuent de ne pas re­connaître le pouvoir en place, les Etats-Unis, qui se disent pourtant champions de la dé­mocratie et de l’État des de droit, ont choisi de renouer des relations diplomatiques avec les militaires au pouvoir en nommant une ambas­sadrice.
Réalisme

Sur le plan stratégi­que, il semble que ce pays occupe une position géographique centrale dans la lutte contre le djihadisme au Sahel et que le Niger abrite la deuxième plus grande base américaine sur le continent africain. Cer­tains appellent cela de la réal politique, un prag­matisme pour d’autres. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, car la marche du monde regorge plus d’une histoire par rapport à la réalité politique et les intrigues diplomatiques au gré des intérêts des pays concernés. Quand un pays ne veut pas que son intérêt soit mis en péril, alors celui-ci choisit de rester pragmati­que.

S’il y a une leçon à apprendre de ce pragmatisme c’est que, pri­mo, il ne faut pas totalement « compter » avec ceux que l’on qualifie de « partenaires traditionnels », donc les grandes puissances qui, ces derniers temps, ont aussi leur propre agenda à gérer, notamment sur le plan économique. La majorité de ces pays
se trouve actuellement dans une récession et donc, ils doivent aussi trouver des moyens de gérer leur situation in­terne. Nous avons vu cette situation récemment en France avec le cas des gilets jaunes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le budget d’aide au développement n’est pas ce qu’il était auparavant et que les conditionnalités pour leur obtention sont de plus en plus difficiles.

Secundo, dans un monde désormais multipolaire, il ne faut plus se cantonner sur un seul, ou quelques pays partenaires. Le monde évolue à une grande vitesse et qu’il est temps de diversifier les par­tenaires avec qui on peut avoir des relations. Certes, comme dans tous partenariats, cela pourrait créer des frustrations chez certains mais il n’en demeure pas moins que dans un contexte d’une économie mondialisée d’autres nations émergents peuvent donner plus de coups de pouce en faveur des pays en dé­veloppement. Cela étant, le pragmatisme ne dev­rait pas non plus être l’apanage des grandes puissances. Il faut sa­voir choisir ses alliés, que ce soient de circonstances ou pas.

Rakoto

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