La galerie Mozaïk à Antsahabe abrite jusqu’au 6 janvier 2024 une exposition consacrée au travail de l’artiste pluridisciplinaire Isaac Azaly, baptisée « Isegno » ou bien « Y penser » en variante régionale Betsimisaraka.
En deux chapitres, Isegno explore le langage et la pixellisation du corps à travers 18 tableaux de formats différents. Pour donner de la forme et du verbe à sa nouvelle démarche créative, l’artiste a utilisé comme technique le portrait et le collage.
« Certes, nous avons traversé une période difficile lors du confinement liée à la crise sanitaire, mais cela ne nous a pas empêché de comprendre l’autre, d’aller vers l’ailleurs et de savoir s’ouvrir. Parce qu’on parle d’un tissu social qui a été abîmé et dont nous avons pu reconstituer à notre manière propre. Pour ma part, c’est à travers la toile et les créations nouvelles. Cela dit, il est aussi important de se rendre compte de la force du mot qu’on utilise. Une parole blesse comme elle peut révéler le meilleur aspect de nous-même lors de nos conversations et nos échanges. L’idée de l’exposition étant de combiner ces deux réflexions à travers le collage parce que c’est important pour moi de rassembler », argumente l’artiste originaire de Mahajanga.
L’installation est également construite autour d’une pièce chorégraphique savamment interprétée par les danseurs contemporains José Njiva et Andry Solofo sur une bande-son d’Isaac. « La chorégraphie entre en résonance avec l’exposition de peinture, tout en dépeignant la réalité de la société actuelle avec le corps comme médium. La communication et l’écoute mutuel ont laissé la place à l’individualisme. La difficulté de la vie, la censure, la peur, les préjugés et les violences en tout genre, sont devenus notre principal langage au quotidien », conclut Andry Solofo.
Joachin Michaël