O tempora o mores

Les maisons de re­traite appelées aujourd’hui « Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dé­pendantes » (EHPAD) rendent beaucoup de services aux personnes censées en profiter. Ces personnes peuvent y trouver toute l’attention dont elles ont besoin grâce à la présence et aux prestations d’un personnel qualifié.
Bien que ce type d’établissement existe à Madagascar depuis fort longtemps, ils ne connaissent pas le même succès comme sous d’autres cieux. Cela s’explique pour différentes raisons. L’une des principales explications est que pour les familles malgaches, dans la majorité des cas, les parents sont accueillis par leurs enfants quand ils atteignent un âge avancé.
Quoi qu’il en soit, ce serait mal vu par la société de voir des personnes âgées dans ce type d’établissement alors qu’elles ont encore des héritiers vivants. Si ces personnes âgées
n’avaient pas d’enfants, ce serait autre chose. Pour les Malgaches, ce serait vouloir se « débarrasser » à tout prix de ceux à qui on doit quand même la vie.
D’habitude, si le couple travaille, ce sont les grands parents qui s’occupent du foyer à leur place. Effectivement, bien trop souvent, le couple est submergé par le rythme effréné de leurs obligations professionnelles respectives. Il arrive que, même le soir, la famille ne se rencontre pas au complet.
Quand les parents rentrent tard la nuit, les enfants sont déjà couchés après avoir été dorlotés et mis au lit par les grands-parents présents. Et comme ces derniers ne peuvent pas effectuer eux-mêmes les travaux de ménage, leur rôle se limite à la supervision des gens de maison. En fait, c’est eux qui dirigent le foyer en quelque sorte.
Les grands-parents deviennent en quelque sorte des parents de substitution entre les vrais parents et les enfants. Ce qui, en fin de compte montre leur utilité. Et leur montrer qu’on a besoin d’eux leur apportera certainement un grand bonheur qui les aidera à supporter le poids des âges
Mais à partir d’un certain âge, même les petits-enfants deviennent indépendants vis-à-vis de leurs grands-parents. C’est inévitable. Finalement, ces derniers se retrouvent à se morfondre tous seuls dans la maison, sans plus aucune utilité. Il arrive même qu’ils n’aient plus la moindre raison de vivre.
Dans ces conditions, il serait préférable que ces personnes âgées re­joignent les maisons de retraite même si elles sont autonomes. Au moins, là-bas, elles pourront côtoyer des personnes de leur âge et éventuellement qui ont les mêmes centres d’intérêt. Ce qui explique, ces derniers temps, la création de nouveaux établissements privés spécifiquement dédiés aux personnes âgées, autrement dits des maisons de retraite. O tempora, o mores

Aimé Andrianina

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