Mercredi des idées en goguette: « Fiducia Supplicans », et si on parlait ouvertement ?

Trop sensible pour être abordé ouvertement et trop important pour qu’on le laisse passer. Le sujet sur l’homosexualité divise. La dernière évolution de position en la matière constitue, en tout cas, un pavé dans la mare des catholiques, et des chrétiens en gé­néral. « Le Vatican auto­rise la bénédiction des couples de même sexe ». C’est le titre d’une grande partie des journaux à travers le mon­de, hier. Et pour cause, en début de semaine, le Pape avait acté la possibilité pour les couples homosexuels de recevoir une bénédiction de l’Eglise catho­lique, à travers la déc­laration dite « Fiducia Suppli­cans ».

La déclaration reste pourtant ferme sur l’opposition de l’église au mariage pour les homosexuels. Il s’agit d’un texte émanant du Di­castère pour la Doctrine de la Foi qui autorise, sous condition, la bé­nédiction des couples
en situation irrégulière, dont les divorcés remariés et les couples homosexuels. Les deux premiers points ont été vite masqués par le troisième car celui-ci fait partie des plus délicats au sein de l’opinion publique catho­lique, mais pas que pour eux, apparemment. A en croire les réactions ici et ailleurs, le sujet est universellement complexe.

Les polémiques ont enflé juste après la publication de cette déclaration qui donne, visiblement, l’impression de révolution les principes de l’Eglise catholique. Comme un signe avant-coureur, en 2013, le Pape François avait déjà déc­laré que si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne vo­lonté, « qui suis-je pour la juger ? ». A l’heure actuelle, la position de l’Eglise, quoique de ma­nière diplomatique, sem­ble en tout cas de plus en plus évoluer. Mais pas forcément dans le sens de la volonté de tous les chrétiens apparemment.

Débat animé

A Madagascar, où le sens de la tradition reste encore vivace, le sujet de l’homosexualité reste encore un tabou au point que certains préfèrent le fameux principe de « Don’t ask, Don’t tell » ou « ne rien demander, ne rien dire », comme la fameuse loi américaine sur le sujet. Il faut reconnaître que contrairement à d’autres sujets de so­ciété, celui-ci demeure particulièrement sensible dans le pays, de par les normes sociales malgaches ainsi que par la tradition culturelle. Des pays ont d’ailleurs choisi carrément d’adopter des lois bannissant cette pratique. Tandis que dans d’autres, on peut même se pavaner dans la rue en montrant ostensiblement son orientation affective et sexuelle.

Nous en sommes encore loin. Et c’est d’ailleurs au niveau des réseaux sociaux que le débat s’anime autour du sujet. Certains estiment que la position de l’église est mal interprétée tandis que d’autres, fa­rouches opposants apparemment, torpillent déjà la religion, au point qu’un haut responsable de l’Ecar a choisi de sortir de son mutisme, hier, pour apporter des explications sur cette déclaration et de tempérer sur le sujet.

Quoi qu’il en soit, ce sujet ne laisse visiblement personne insensible. Entre les athées et les chrétiens ou les autres religions. Entre pa­rents et enfants. Ou tout simplement entre les pourfendeurs et les partisans. Madagascar ne semble pas encore prêt à trancher sur le sujet car, probablement, les priorités sont encore ailleurs. Toujours est-il qu’il y a pas de mal à mettre certains sujets comme celui-ci sur la table afin d’en discuter directement, à travers les organisations de la société civile d’abord et après au niveau du Parlement. Cela permet, par la suite, à chacun de se positionner selon sa conviction et son orientation. Pourquoi pas ?

Rakoto

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