Fêtes de fin d’année et hausse des prix : entre inflation et spéculation

Les fêtes de fin d’année ne dérogent pas à la règle. Cette année encore, les ménages devront composer avec une hausse presque généralisée des prix des denrées alimentaires.

C’est désormais une habitude : à chaque festivité survient une hausse des prix, en particulier à Noël et la fin d’année. Cela s’apparente d’ailleurs à un prolongement de la situation de l’inflation tout au long de 2023, même si la Banky foiben’i Madagasikara (BFM) avait noté, dans sa dernière note de conjoncture, un certain repli. “En termes de glissement annuel, le taux d’inflation a été de 8,2% au mois septembre 2023, s’il a été de 8,5% un mois auparavant et de 9,5% au mois juillet. Un ralentissement du rythme de croissance de l’inflation a été observé depuis avril 2023”, avait-elle souligné il y a quelques semaines.

Il est important de revenir sur les définitions même des termes utilisés pour éviter la confusion au niveau de la population. “L’inflation est la hausse générale et durable des prix à la consommation et cela un impact sur le pouvoir d’achat”, explique Andriatahina Rakotoarisoa, économiste. Elle est définie par plusieurs facteurs, dont la conjoncture ou la demande.

De l’autre côté, la spéculation. Cette pratique courante, en Afrique notamment, peut avoir des conséquences significatives sur l’économie, les marchés et la vie quotidienne des citoyens. Elle se manifeste souvent par une augmentation des prix de certains biens et services, alimentée par une demande accrue pendant les périodes festives. “Lorsque la demande pour certains produits augmente de manière significative à l’approche des fêtes, des commerçants peuvent être tentés d’augmenter les prix pour maximiser leurs profits. Cette pratique peut conduire à une augmentation artificielle des coûts, mettant les consommateurs dans une position délicate, confrontés à des dépenses accrues pour célébrer les festivités”, explique Andriatahina Rakotoarisoa.

En attendant, sur le terrain, les produits de première nécessité sont les premiers frappés par l’augmentation. En l’occurrence le riz et en particulier les variétés locales. En effet, le kilo du “vary gasy” est à 3.500 ariary cette semaine. Sur les étals, le sucre et la farine connaissent la même tendance, tout comme l’huile alimentaire et les œufs dont le prix atteint des sommets et allant jusqu’à 850 ariary parfois. Pareillement pour la viande et les volailles.

Cette fois, les prix des boissons ont aussi connu une augmentation, notamment du côté de la Star. En effet, l’entreprise a décidé d’ajuster à la hausse les prix de ses boissons depuis le 1er décembre. La société indique cependant que cette décision s’inscrit dans une logique purement conjoncturelle. Et d’indiquer que cette hausse “ne concerne que les boissons non alcoolisées et alcoolisées, sauf l’eau“.

A en croire les explications de l’agence, “ces ajustements tarifaires sont présentés comme une mesure proactive de sa part, en réponse aux fluctuations du taux d’inflation”. “L’augmentation tourne autour de 6 à 10% pour toutes les boissons, sauf l’eau qui n’est pas concernée par cette hausse de prix. Les revendeurs ont déjà des prix de vente conseillé”, ajoute encore la source auprès de l’entreprise.
Régulation

Dans tous les cas, ces augmentations de prix des denrées alimentaires à chaque fête interrogent plus d’un et remet la question de régulation des prix revient sur la table.

C’est dans ce contexte que le rôle de l’Etat, parfois décrit comme le gendarme des prix, devient crucial. “L’Etat devrait intervenir en tant que régulateur pour garantir le bon fonctionnement du marché, assurer la protection des consommateurs et prévenir les pratiques abusives”, soutient l’économiste.
De son côté, le ministère de l’Industrialisation, du commerce et de la consommation déploie depuis quelques jours ses commissaires et contrôleurs de commerce auprès des marchés de la capitale, entre autres Analakely, Andravoahangy, Isotry, Anosibe, Tsaralalana, Soamanatombo… Ils ont pour mission de sensibiliser les détaillants et de veiller sur la qualité et la consommabilité des produits proposés.

Nambinina Jaozara

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