Le monde à l’envers

Tous les jours sans exception on lit dans les différents journaux que des malfaiteurs ont été abattus par les forces de l’ordre. Cela se passe aussi bien en pleine ville qu’au fin fond de la brousse. Les efforts déployés par les forces de l’ordre pour éradiquer cette mauvaise herbe semblent être vains, mais c’est à croire qu’elle pousse com­me des champig­nons.

D’après le récit de quelques personnes, parfois l’affrontement entre les forces de l’ordre et les malfaiteurs dure des heures. C’est dire que les malfrats contre lesquels les forces de l’ordre doivent se battre sont loin
d’être des enfants de chœur. D’autant plus qu’ils sont équipés d’un armement qui n’a rien à envier à ceux utilisés par les forces de l’ordre.

Et justement, s’ils sont autant armés, c’est qu’ils disposent de fournisseurs à même capab­les de leur procurer des armes dont ils ont besoin pour perpétrer leurs actes répréhensibles. Tout récemment, plusieurs personnes ont été arrêtées à Ankazobe au sujet de la succession de kidnappings qui s’y sont déroulés.

Des élus et des éléments des forces de l’ordre figureraient dans le lot. Ce seraient eux qui fourniraient des armes aux malfaiteurs. Si c’était vraiment le cas, on ne s’étonnera plus que les malfaiteurs soient si bien armés. Quoi qu’il en soit, il doit bien s’agir là d’une bande organisée qui a terrorisé la région depuis un certain temps.

On parle là d’une bande organisée dans la mesure où on y trouve certainement ceux qui fournissent les renseignements sur les cibles à kidnapper, ceux qui fournissent les armes et ceux qui exécutent la mission. Tous n’ont qu’un seul objectif dans la tête : Se faire de l’argent facilement grâce aux rançons exigées aux familles des personnes kidnappées.

Bien évidemment, on avait déjà ouï-dire que des éléments des forces de l’ordre louaient leurs armes à des malfaiteurs. Mais jamais cela n’a été confirmé officiellement par les responsables de la sécurité publique. Et qu’on le veuille ou non, cela suscite une certaine méfiance de la population à l’égard des forces de l’ordre.

Cette méfiance subsistera tant que cela reste au stade de simple ru­meur. De plus, quand la population constate que les malfaiteurs recouvre trop facilement leur li­berté, cela ne peut que renforcer cette mé­fiance. Elle ne sait plus à qui se fier. C’est la raison pour laquelle on assiste, malheureusement, à des cas de justice populaire qui sont bien trop expéditifs.

Quoi qu’il en soit, quand ceux qui sont censés protéger les personnes et leurs biens fournissent des armes aux malfaiteurs pour que ces derniers dépouillent et tuent les citoyens, c’est le monde à l’envers.

Aimé Andrianina

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