2023: une année culturellement riche

2023 s’achève comme une année riche et mouvementée dans le monde de la culture. Entre deuils, célébrations et exploits, la scène artistique malgache a fait parler d’elle dans le territoire national et hors de nos frontières. Récapitulons les temps forts de cette saison.

Rovan’i Madagasikara, la renaissance
Il s’agit de l’un des plus grands chantiers de l’Etat malgache. Après quatre ans de travaux de réhabilitation et de restauration, Rovan’i Madagasikara a rouvert officiellement ses portes le 19 juin aux amoureux du patrimoine. Le parcours de visite est composé des tombeaux «Fitomiandalana», des palais Besakana, Mahitsielafanjaka, Tsarahafatra, du temple du palais et de l’amphithéâtre Masoandro. Tranovola et Manampisoa étant en cours d’achèvement. L’un des édifices les plus importants du site, le musée de Manjakamiadana abrite une belle collection de vestiges royaux et des installations mettant en lumière l’identité culturelle des 24 régions de Madagascar. Les visiteurs se retrouveront en immersion au cœur de l’histoire du royaume de Madagascar, comme s’ils y étaient à travers la projection holographique, des écrans tactiles et d’audio-guide pour assurer la traduction en langues étrangères. L’ensemble du site facilite l’accès des personnes à mobilité réduite.

Hiragasy, patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Une victoire inouïe pour le microcosme du Hiragasy. Celle de l’inscription de cet élément central de la culture sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco. La décision a été officialisée le 5 décembre, à l’occasion de la 18e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Botswana. Tambours, flûtes et cuivres résonnent chaque dimanche au Kianjan’ny hiragasy à Ampefiloha depuis son ouverture officielle le 30 juillet. En termes de patrimoine, cette année marque également le 22e anniversaire de l’inscription de la Colline royale d’Ambohimanga sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et les 2 ans du Kabary sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Miss Fifaliana Valisoa Ratsimbazafy, ambassadrice de Madagascar à Miss Earth 2024
Récemment, la jeune et belle Fifaliana Valisoa Ratsimbazafy a représenté notre pays au concours de beauté Miss Earth. Même si elle n’a remporté aucune couronne, elle s’est fait tout de même une place dans quelques épreuves du concours, en se plaçant dans le top 12 du Best national costume, soutenue par la styliste Sih Rakout, ou encore dans le top 8 du Best Bikini. Elle a aussi remporté une médaille durant l’épreuve Marathon international. Sans se décourager, Fifaliana Valisoa Ratsim­bazafy est prête pour la prochaine étape. Durant l’événement qui a aussi pour objectif de sensibiliser le monde à la préservation de l’environnement et la promotion de la culture, elle a présenté une vidéo qui met en avant nos atouts culturels et artistiques, une véritable ambassadrice de notre pays.

Les rockers au féminin au « Rockfest » à Maurice
Organisé par Thibault de Robillard, Rockfest est un événement qui se déroule à l’île Maurice, avec comme buts de présenter au public local le rock de la Grande île ainsi que de renforcer les échanges musicaux et le réseau des rockers malgaches. Cette année, il a invité les femmes rockers qui gardent une place importante au pays, tout en étant assez actives. Ericka Durock chante du metal, Alkiniah adopte le power metal, Seth On Fire propose du trash metal et Dark’inside du melodic death. Elles ont enflammé la scène du Caudan Arts Centre, les 6 et 7 octobre.

Michèle Rakotoson, lauréate du Pola 2023
Une fois de plus, l’auteure Michèle Rakotoson a été primée pour son œuvre «Ambatomanga, le Silence et la Douleur», sortie l’an passé et éditée par l’atelier des Nomades. Au mois de juin, elle a remporté le Prix Orange du livre en Afrique 2023 (Pola). «Ambatomanga, le Silence et la Douleur» continue son périple, notamment à l’international. En 2022, Michèle Rakotoson était déjà finaliste du concours Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone. Le point fort du livre relate les époques blessantes du début de la colonisation française au pays.
La scène artistique malgache n’a pas démérité aux Jeux de la Francophonie
Dans le volet culture, la délégation participante aux 9e Jeux de la Francophonie était composée de 20 artistes et 4 ac­compagnateurs, durant leur séjour du 28 juillet au 6 août à Kinshasa, République dé­mo­cratique du Con­go. De mé­moi­re, Richianny Ratovo a remporté la médaille d’or dans la catégorie peinture grâce à son diptyque «Sourire Mélancolique» et «Miroir, Raconte-moi». Fitiavana Ratovo Andretseheno, quant à lui, à décroché la médaille d’argent dans la catégorie sculpture pour son installation intitulée «Mon Rêve du Monde». Alors que l’aventure s’arrête en quarts de finale pour Narda Natioranomena, dans la discipline littérature, sa nouvelle intitulée «Monsieur Stylo» ainsi que celles des auteurs participants sont éditées dans un seul et même recueil. L’objectif étant d’ouvrir la voie à une nouvelle édition à titre individuel.

Ant’sary Doc festival réussit son galop d’essai
Pour sa toute première édition, le Festival international du Film documentaire Ant’sary Doc a récompensé sept longs-métrages dont trois productions malgaches. Le Prix Meilleur Expérience Digitale a été attribué à Nantenaina Fifaliana et Saranto Andrianavony grâce à leur film intitulé «Saisir l’Ame». «Taste of the Sun», d’Ary-Misa Rakotobe a décroché le Prix d’Encouragement du festival et «Tavela», de Geoffrey Gaspard a raflé le Prix du public. En tout, 32 films venant de l’océan Indien, de l’Afrique, des Antilles, de la diaspora et bien évidemment, de Madagascar ont constitué la sélection officielle. Organisé à Antananarivo du 21 au 28 septembre, ce rendez-vous du 7e art veut contribuer à l’éducation à l’image, à la promotion des jeunes créateurs et à
l’émergence du cinéma à Madagascar.

Le Beatboxer Do B sur le toit du monde

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Madagascar a aussi brillé dans la discipline du Hip Hop cette année. Do B Raso­lofoarison a remporté, au mois d’août, le prestigieux Championnat du monde de Beatbox dans la catégorie Scratch vocal, à Berlin (Alle­magne). En finale, le jeune talent vocal malgache a eu raison d’O’Slim d’origine franco-tunisienne, à l’issue des battles d’envergure internationale, qui ont rassemblé une bonne vingtaine de beatboxers issus des quatre coins du globe. Il a par la suite organisé la cinquième édition de Beatbox battle Madagascar dans la capitale malgache. Pour sa précieuse contribution au rayonnement de Madagascar à l’échelle internationale, Do B Rasolofoarison a été fait chevalier de l’Ordre des arts, des lettres et de la culture, par le ministère de la Communication et de la culture.

Le rendez-vous pictural « Hosotra » retrouve sa splendeur
Décidément, 2023 aura été une année de construction. C’est le cas notamment de La Colline – Maison sociale des arts Ambatovinaky, une nouvelle galerie d’art qui a abrité l’exposition inaugurale intitulée «Hosotra» en septembre avec la participation d’une bonne trentaine d’artistes visuels. Historiquement, «Hosotra» trouve son berceau à l’esplanade d’Analakely en 1997 en la mémoire du marché de Zoma, qualifié par les historiens de «plus grand marché du monde». Une installation périodique se déroule dans cette galerie à ciel ouvert, à l’occasion de laquelle les œuvres sont exposées sous les ombrelles. En 2009, la municipalité d’Antananarivo a aménagé les lieux en parking. 14 ans plus tard, les artistes plasticiens peintres se sont rassemblés au sein de l’association Ateliers d’arts pour financer eux-mêmes la construction de la nouvelle galerie d’art.

La disparition des artistes a laissé un vide dans le monde de l’art au pays


Durant l’année, plusieurs grands artistes se sont éteints et ont laissé un grand vide dans le monde de l’art. Au mois d’août, Rado Rakoto­lahy a disparu. Cet artiste talentueux a soutenu les grosses pointures, durant sa carrière, comme Bodo ou encore Nanie… Abel Ratsim­ba, l’un des pionners du Kalon’ny Fahiny est aussi décédé au mois d’octobre. Auteur et compositeur, Abel Ratsimba est l’une des icones de la musique malgache dans les années 60-70-80. Il a commencé à se lancer dans la musique sérieusement en 1963, et célébrait cette année ses 60 ans de carrière, marqué par un événement spécial qu’il a proposé l’an passé avec ses fans. Au mois de novembre, Ninie Donia, la reine du salegy était victime d’un cancer du pancréas et est décédée durant son transfert à l’hôpital d’Antsiranana. Des milliers de fans sont venus l’honorer durant son enterrement. Toujours au mois de novembre, Cheffe Mariette Andrianjaka s’est éteinte en laissant un grand vide dans le milieu de l’art culinaire malgache avec sa soixantaine d’années derrière les fourneaux. Ayant toujours eu comme objectif de promouvoir les plats du temps des royautés, elle a obtenu plusieurs récompenses internationales en étant, entre autres, devenue disciple d’Auguste Escoffier. Puis récemment, Delacre du groupe Black Jack’s est aussi décédé. Un des rockers ayant inspirés les nouvelles générations, il était l’auteur de quelques titres cultes du rock malgache comme «Asa Ianao Raha Ohatra Ahy».

Joachin Michaël / Holy Danielle

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