C’est la période de reboisement. Pour la saison 2024, le ministère de l’Environnement et du développement durable (Medd) – principal concerné par le reboisement dans le pays-, plus de 13 millions de plants sont disponibles. Ce chiffre est susceptible d’être largement dépassé car il ne tient pas compte de la production des pépinières de proximité et de celle des entreprises privées.
Tous les gouvernements qui se sont succédé ont toujours reconnu l’importance du reboisement pour le pays et en ont fait
un devoir civique à
l’échelle nationale. Partculiers, associations, groupements, entreprises publiques ou privées, institutions… s’y sont tous mis, mais les résultats n’ont jamais été à la hauteur des espérances.
En fait, beaucoup de choses peuvent expliquer ce fiasco. Par exemple, quand on a sollicité la contribution des entreprises privées, ces dernières ont répondu favorablement. Ainsi, chaque année, pendant la saison de reboisement, chaque entreprise se faisait un honneur d’organiser une « sortie » en dehors des heures de travail afin de permettre à ses employés d’effectuer ce noble devoir civique.
Mais à y voir de plus près, cette sortie s’apparentait plus à un pique-nique qu’à un devoir civique. Transport gratuit, restauration sur place sans oublier les rafraîchissements… tout était réuni pour que tout le monde s’amuse. Bien évidemment, rien n’empêche qu’on éprouve de la joie tout en remplissant son devoir. Mais dans ce cas précis, ce sont les amusements qui l’emportent sur le sens du devoir.
Encore faut-il ajouter que dans ce type d’organisation, les trous prévus pour accueillir les jeunes plants sont déjà prêts, cela grâce aux habitants des villages environnants. Il ne restait qu’à placer un jeune plant dans le trou préalablement creusé et ensuite recouvrir le trou de terre. En un tour, tout est joué. Et le reste n’est que du folklore. C’est l’occasion pour l’entreprise de se faire un peu de publicité.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’on n’ait jamais pu obtenir des résultats
tangibles en matière de reboisement. L’autre grand problème qui affecte tous les reboisements qui ont été faits depuis tout ce temps est le manque de suivi des jeunes plants qui viennent d’être mis en terre. Ils sont laissés là à leur sort sans que personne ne se soucie de leur évolution.
Face à cette situation, on peut dire que beaucoup d’argent a été dépensé pour rien depuis des décennies. Par contre, avec les chiffres avancés par le Meed, l’espoir de revoir Madagascar reverdir est permis. Mais finalement, en attendant que cela n’arrive, Madagascar reste toujours la Grande île rouge.
Aimé Andrianina