La chute de l’Ariary face aux principales devises comme l’Euro se fait ressentir sur les étals et particulièrement sur les produits de première nécessité importés, notamment le sucre et les pâtes.
Dans les épiceries de la capitale, un kilo de sucre s’achète à 5.200 Ariary contre 4.800 Ariary en décembre et le prix du sac peut dépasser les 240.000 Ariary selon la variété, la marque et la qualité. L’huile connaît également une légère hausse.
“Les prix des produits de première nécessité augmentent presque tous les jours. Nous sommes contraints de diminuer nos achats. Cette situation est insupportable”, témoigne Evelyne, une mère de famille. A côté, les prix des autres produits comme la farine ou le savon restent stables pour le moment.
Pour autant, il y aurait un aspect positif dans cette dépréciation de l’Ariary. “On ne devrait pas uniquement se focaliser sur les répercussions négatives mais plutôt apprendre à en tirer parti pour en faire une opportunité. C’est particulièrement vrai dans des secteurs tels que l’industrie textile, où le coût de la main-d’œuvre est déjà relativement bas et où la dépréciation devrait entraîner une nouvelle diminution de ces coûts. Cela pourrait renforcer la compétitivité de Madagascar aux yeux des investisseurs, créant ainsi des conditions propices à l’attraction d’investissements dans le pays”, estime un opérateur.
L’Ariary a particulièrement connu une baisse continue face à l’Euro depuis le mois de novembre 2023. Actuellement, un Euro s’achète à 4.950 Ariary. “Cette chute observée depuis novembre 2023 est surtout le résultat d’un effet spéculatif économique. En effet, en période de fêtes, l’importation des produits comme les jouets ou les denrées alimentaires est toujours en hausse, car la demande a tendance à augmenter. Actuellement, l’Ariary commence à retrouver des couleurs face à l’Euro (…). La plupart des produits exportés par Madagascar sont à destination de l’Europe et c’est normal que l’Euro ait un lien particulier avec notre économie (…)” explique Andriatahina Rakotoarisoa, économiste. Or, “En macroéconomie globale, il faut rester attentif au dollar, car c’est la principale monnaie d’échange en termes de capacité. Au niveau régional, on doit aussi s‘interroger si la SADC, le Comesa ou la COI ont suffisamment de poids au niveau des échanges commerciaux mondiaux. Madagascar devrait intensifier ses exportations vers l’Europe mais avant toute chose, on devrait aussi faire fleurir le commerce intérieur afin que l’économie malagasy puisse souffler” poursuit-il.
En décembre 2022, une dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux principales devises avait été observée, soit +12,8 % par rapport au Dollar US et +5,8 % face à l’Euro, note la Loi de finances pour 2024 qui évoque “la persistance des chocs extérieurs”. En 2023, le même document avance que l’un des principaux facteurs ayant influé sur le marché avancé par la loi de finances reste le conflit Russie-Ukraine. “Sur les neuf premiers mois de 2023, l’Ariary s’est déprécié de 1,1 % vis-à-vis de l’Euro, et de 1,2 % face au Dollar US. La parité EUR/USD a continué de baisser en passant de 1,0666 à fin décembre 2022 à 1,0594 à fin septembre 2023”, détaille le texte.
Tiana Ramanoelina