La géopolitique. Voilà un sujet qui peine à intéresser la population lambda. Il faut reconnaître que ce ne sont pas les urgences qui manquent. Entre l’état des routes, l’insécurité ou encore les prix des denrées alimentaires, et les actualités internationales, le choix est vite fait. Madagascar, et ce n’est un secret pour personne, est une île. Et pour cela, l’exception culturelle fait que l’on s’intéresse plus à ce qui se passe à l’intérieur. Pourquoi s’intéresser à ce qui se trame en Ukraine, en Israël ou en Afghanistan alors que la réalité qui est la nôtre est tout aussi complexe ? Peut-on se demander.
Eh bien, si au contraire. Ce qui se passe dans ces pays peut ne peut avoir d’influence sur la Grande île dans l’immédiat. Mais il n’en demeure pas moins que les conséquences de la marche du monde se font toujours sentir tôt ou tard, notamment lorsque la situation est de plus en plus tendue. Il suffit par exemple de revoir les livres d’Histoire pour comprendre que la crise économique de 1929 a eu des impacts considérables sur Madagascar, durant l’époque coloniale. Il en est de même, contexte différent, pour la situation issue du conflit en Ukraine. Il s’est avéré, en effet, que l’Afrique, y compris Madagascar, dépend fortement des importations alimentaires des deux pays, et que le continent subit des chocs de prix et des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement. Sur ce, une étude pilotée par les Nations Unies a indiqué que l’effet de la crise sur les économies africaines est compliqué et multiple. Par ailleurs, le conflit n’a fait que capoter la lente reprise de l’Afrique après le Covid-19.
Et c’est loin d’être terminé. Dans son dernier rapport, en guise d’illustration, la fondation « International SOS », spécialiste mondial des services de gestion des risques sanitaires et sécuritaires, évoque une année de « permacrise » mondiale tout en mettant en garde les entreprises face aux menaces qui planent sur 2024 en matière de sécurité. Et pour cause, ce ne sont pas les risques de conflits qui vont manquer. Et la plupart sera le prolongement des conflits de 2023, il en est ainsi du conflit entre Israël et la Palestine, l’enlisement du conflit en Ukraine ou encore les troubles sociaux et coups d’Etat en Afrique subsaharienne. Sans oublier que plus de 60 pays, qui regroupent plus de la moitié de la population mondiale en passant, organisent des élections cette année. Voilà des situations qui risquent encore une fois de fragiliser l’équilibre géopolitique international. Selon « International SOS » également, un accroissement des tensions politico-religieuses , dans des
« conditions socio-économiques dégradées », peut constituer un terreau fertile à tous types de violences.
Ce sont autant de situations qui peuvent, à priori, ne pas nous concerner, car pour
la majorité, la priorité est ailleurs, mais que nous devons, toutefois, suivre de près. D’autant plus qu’une grande partie de l’économie locale repose sur l’importation, et pas que dans le secteur énergétique mais également dans le domaine alimentaire.
Rakoto