Ndao Hanavao: Incuber les jeunes au recyclage des déchets

Fabriquer des papiers à partir des algues invasives est désormais possible. Une première restitution des résultats des ateliers s’est tenue le vendredi 02 février dernier, au laboratoire de Ndao Hanavao à Ilafy.

Ndao Hanavao est un laboratoire de design social dans lequel on forme des jeunes en situation difficile pour devenir des designers. Il a été créé par le groupe Rubis à travers Rubis Mécénat et Vitogaz Madagascar pour traiter des problèmes écologiques.

“On attache une importance particulière au volet environnemental en s’attaquant à des problèmes environnementaux à Madagascar. La conscience écologique est très importante chez Vitogaz. A travers nos actions, nous nous occupons d’éducation environnementale pour éveiller la conscience de la population sur l’importance de recycler”, expose Helinoro Rakotomalala, responsable RSE de Vitogaz.

Dans le cadre de ce projet, douze jeunes vont suivre une formation pendant deux ans. Le contenu de la formation est très varié : des modules consacrés au développement personnel, aux techniques de gestion de projet, à l’entrepreneuriat et bien entendu au processus de transformation des algues en papier. Tout ceci a été mis en place pour permettre aux bénéficiaires de devenir autonomes par la suite. “L’idée est qu’à terme, ces jeunes puissent créer leur propre entreprise. Pour ce faire, on met à leur disposition des formations théoriques et pratiques, notamment des visites d’entreprises. Au bout, les formés doivent être capables de réaliser eux-même leur design, sachant que ces formations se déroulent en collaboration avec des designers locaux et étrangers”, poursuit la responsable RSE de Vitogaz.

“La prolifération algues est un phénomène mondial. J’interviens sur trois territoires : la France, les Antilles et Madagascar. Chaque année, il y a de plus en plus d’échouages d’algues sur la plage. Des espèces d’algues sont invasives, tandis que d’autres sont proliférantes. C’est une biomasse qui peut être nuisible pour l’environnement, l’écosystème et pour les gens qui habitent sur les côtes. Elles sont souvent considérées comme des déchets. Personnellement, je préfère les voir comme un gisement de matière première assez incroyable, puis les transformer ou les valoriser pour créer des matériaux et des objets qui permettraient de pallier l’épuisement des ressources fossiles”, explique Samuel Tomatis, un designer qui intervient dans le cadre du projet.

Le papier obtenu à partir de la transformation de ces algues peut être utilisé dans le packaging, dans la papeterie, des objets de l’espace domestique, du bâtiment, de l’isolation, de l’architecture d’intérieur. Le but à Madagascar, c’est de répondre à une besoin territorial, développer des propositions et les affiner au fil du temps.

La récolte de ces algues s’effectue à Sainte-Marie et le séchage, le nettoyage, transformation et broyage se fait sur place. La matière sera ensuite expédiée à Antananarivo. “On a recours à un process papetier assez classique (…) nous établissons plusieurs recettes entre la chimie et l’artisanat, en fonction des papiers qu’on veut obtenir”, poursuit le designer.

Pour sélectionner les jeunes qui bénéficient de cette incubation. Le laboratoire Ndao Hanavao est en partenariat avec des associations et des ONG qui s’occupent de l’insertion professionnelle des jeunes défavorisés. Pour bénéficier du projet, les jeunes doivent passer des tests, il faut qu’ils soient capables, et surtout prêt à relever le défi qu’on leur impose. “Les jeunes ont commencé à mieux se former. Le laboratoire s’occupe d’insertion sociale et existe depuis 2018. La première promotion était constituée de cinq jeunes, ils sont devenus autonomes et ont pu créer leur propre société”, fait savoir Helinoro Rakotomalala.

“Cela fait six mois que j’ai commencé la formation. Nous avons quand même reçu beaucoup de connaissances. Je suis étudiante en gestion et la formation que suis à travers ce programme est en parfait accord avec mes études. Grâce à ce projet, je pratique efficacement la langue française. Le projet me permet également de développer des relations avec les gens”, se réjouit pour sa part, Mandresy Andoniaina, 23 ans, l’une des bénéficiaires.

Tiana Ramanoelina

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