Un département ministériel se lance dans une formation de masse gratuite dans plusieurs domaines professionnels modernes. La dernière en date concerne les métiers du web, qui englobent entre autres, le call center, le web marketing, le mail. Voilà une initiative qui mérite plus que des applaudissements. Il faudrait même encourager les responsables à l’origine de cette démarche. Et pour cause, une formation non payante destinée aux jeunes, c’est exceptionnelle dans un pays où la majorité des jeunes ne savent plus à quel saint se vouer après leur baccalauréat, ou bien avant.
Chaque année, le nombre de jeunes recalés auprès des universités publiques, mais qui ne disposent pas non plus de moyens d’aller dans les universités privées, ne cesse d’augmenter. Plus d’un tiers des bacheliers ne peuvent donc pas poursuivre leurs études dans les enseignements supérieurs. D’autres qui ont eu cette chance, font face à des grèves intempestives tout au long
de l’année, à tel point qu’ils se perdent aussi en cours de route. C’est donc dans ce registre qu’il faut saluer les programmes de formation professionnelle de masse, car tout le monde
n’a pas le moyen de cirer longtemps les bancs des universités. Certains peuvent trouver le moyen de rendre leur vie meilleure dans d’autres projets. Et c’est encore mieux de poursuivre l’initiative dans les provinces, et pourquoi pas, dans toutes les régions.
A ce propos, à une époque, en répondant à une question d’un journaliste sur le fait de rester tout le temps dans la capitale, un député avait répondu comme une boutade, « parce qu’il n’y a pas d’Inscae (une université privée reconnue) chez nous ». Il avait ensuite expliqué que sa priorité était ses enfants et que, dans sa région, il ne pourrait pas offrir les meilleures éducations à ces derniers. Evidemment, en tant que responsable politique, il aurait pu avoir les coudées franches pour donner les moyens de mettre en place des instituts dans sa circonscription électorale ou de soutenir les initiatives privées allant dans ce sens, mais il n’a pas choisi cette option.
Toujours est-il que le sujet remet sur la table la fameuse question de l’égalité des chances entre les régions les plus reculées et celles qui sont proches du centre de gravité des décisions, à savoir la capitale. La politique politicienne a aujourd’hui galvanisé le terme de la décentralisation. Mais il ne s’agit pas seulement de cela, car il apparaît que c’est une grande partie du système, notamment éducatif, qu’il faut réexaminer.
Rakoto