Après trois semaines de procès loin d’être politique, devant la cour de Southwark, à Londres, il n’aura fallu que quelques heures aux douze jurés, pour se délibérer et décider à l’unanimité la
culpabilité de Romy Voos Andrianarisoa, l’ex-directrice de Cabinet de la Présidence, coupable de corruption, pour avoir demandé des dessous de table à la compagnie minière britannique, Gemfields, en contrepartie de l’octroi de licence d’exploitation.
La cour de Southwark, à Londres a scellé le sort de Romy Andrianarisoa et de son complice, le Français Philippe Tabuteau, reconnus coupables des chefs d’accusation retenus contre eux. Leur peine sera prononcée le 18 mars. Et tous les deux encourent une peine maximale de 10 ans, surtout à l’encontre de la Malgache qui n’a jamais sans cesse réclamé son innocence, malgré les preuves irréfutables présentées au procès. Quant à Philipe Tabuteau qui a reconnu sa culpabilité, il pourrait voir sa peine réduite.
Selon le National crime agency (NCA) chargé de l’enquête, Thomas Short, procureur spécialisé dans les crimes économiques au sein du Crown Prosecution Service, a déclaré que « Romy Andrianarisoa est une fonctionnaire corrompue qui a choisi de s’enrichir dans le cadre de ses fonctions publiques ».
Et d’ajouter, «Le Crown Prosecution Service a fourni des conseils juridiques à la NCA tout au long de l’enquête et des poursuites afin de présenter le dossier le plus solide devant le tribunal. En dénonçant les deux hommes aux autorités, Gemfields a protégé son entreprise et celle des autres contre des individus cupides et sans scrupules”.
Andy Kelly, chef de l’unité de corruption internationale à la NCA, a aussi exprimé ses réactions, « Nous sommes particulièrement reconnaissants envers Gemfields non seulement d’avoir porté cette affaire à notre attention, mais également d’avoir continué à travailler avec nous tout au long de l’enquête pour aboutir à un résultat positif”.
Rappel des faits
Au mois d’’aout 2023, Romy Andrianarisoa et Philippe Tabuteau ont effectué un déplacement en catimini à Londres, à l’insu de l’Etat malgache. Une fois sur place, ils ont pris contacts avec les responsables de Gemfields tout en annonçant l’objet de leur présence qui a éveillée non seulement la méfiance, mais également les soupçons de cette compagnie minière qui prévoyait d’ouvrir des mines de rubis et d’émeraudes dans le sud de Madagascar.
Malgré tout, cette dernière a accepté de recevoir Romy A et Philippe T ne se doutant pas que le National crime Agency déjà averti de leurs manigances, a enregistré leur conversation accablante dans laquelle les deux coupables réclamaient à la compagnie, 250.000 francs suisses, environ 260.000 euros, payés en deux versements dont 10.000 dollars (9.260 euros) chacun à régler sur le champ ainsi que 5 % de participation dans les mines, d’une valeur d’environ 4,7 millions d’euros. Pris la main dans le sac pour tentative de corruption, les deux individus ont été immédiatement arrêtés et placés derrière les barreaux en attendant leur procès.
A noter que tout au long du procès, l’implication du président la République, n’a pas été évoquée.
T.N