L’exportation légale de l’or a repris. C’est une bonne chose pour l’économie du pays, notamment au niveau de la balance commerciale et en termes de réserves de change. Le rapatriement obligatoire des devises générées par ces exportations d’or devra contribuer dans ce sens, rapatriement qui devrait être effectué dans un délai maximum de 2 mois.
Avec une prévision d’exportation de 15 tonnes par an, ce sera une véritable bouffée d’oxygène pour l’économie nationale qui se trouve plutôt mal en point avec les mésaventures que connaissent aujourd’hui les principaux produits d’exportation miniers et agricoles du pays (mévente, baisse des cours…).
Cette prévision est susceptible d’être atteinte quand on sait que depuis 2016, un peu moins de 11 tonnes d’or avaient été exportées. Seulement, une partie infime des recettes d’exportation a été rapatriée. Certes, les exportateurs se sont acquittés des redevances, ristournes et droits de conformité.
Si les devises correspondantes ont été rapatriées, l’ariary se serait mieux comporté par rapport à l’euro ou au dollar. Aujourd’hui, qui garantit que les opérateurs qui sont agréés actuellement vont bien procéder au rapatriement des devises ?
Qu’on le veuille ou non, l’utilisation du crédit documentaire dans l’opération d’exportation n’est pas une garantie totale, quoique ce soit meilleur à la simple remise documentaire. Encore faut-il que ce soit un crédit documentaire irrévocable et que la domiciliation bancaire de l’exportateur soit une banque de la place.
On peut bien essayer de mettre en place tous les systèmes de suivi et de contrôle des exportations, mais certains opérateurs trouveront toujours les moyens de détourner toutes ces obligations. Les enjeux sont trop énormes et l’or, en tant que valeur refuge, est facilement négociable partout dans le monde.
De toutes les façons, la sanction de ne plus permettre d’exporter de l’or à un opérateur n’ayant pas satisfait à l’une des obligations dans le cadre de l’exportation (paiement des redevances, ristournes, … et rapatriement de devises) n’est pas suffisamment dissuasive.
Il y a des opérateurs pas très nets qui opèrent par coup et qui changent de nom ou utilisent des prête-noms ou encore se servent de sociétés-écran pour poursuivre leurs activités et refaire le même coup. De plus, la légalisation de l’exportation de l’or ne contribuera pas à la disparition de différents trafics portant sur l’or.
Tous ces trafics ne font qu’enrichir quelques rares personnes. Or, les richesses naturelles du pays devraient profiter au plus grand nombre. D’autant plus qu’il ne faut pas oublier que l’or est une richesse naturelle non renouvelable et surtout pas inépuisable.
Aimé Andrianina