Il y a des réalités qui changent petit à petit pour devenir un mythe : D’ici peu, si ce n’est pas déjà le cas, elle ne sera plus le grenier à riz du pays. C’est le destin qui attend la région Alaotra si rien n’est fait pour protéger les milliers d’hectares en danger.
Si ce n’est pas ensablement des rizières suite aux inondations (canaux d’irrigation et d’évacuation d’eau non récurés comme il faut), c’est la sécheresse qui frappe les rizières (insuffisance d’eau). D’autant plus que les barrages de retenue d’eau ne sont plus fonctionnels à 100% en raison du manque d’entretien.
Encore faut-il considérer que la superficie du lac Alaotra ne cesse de se réduire de plus en plus suite à l’ensablement du lac et à l’exploitation très poussée des « zetra ». En fin de compte, c’est la production rizicole dans la région qui enregistre une diminution, notamment
la production du « makalioka » qui a fait la renommée de la région.
En conséquence, la région enregistre une double perte. D’une part, elle n’est plus considérée comme étant le grenier à riz du pays, et d’autre part, la culture du riz hybride gagne du terrain. On mise sur la quantité et non plus
sur la qualité. Autosuffisance alimentaire oblige !
D’ici peu, il ne faut pas s’étonner si le riz
« makalioka » tant prisé par les Malgaches deviendra, d’ici peu, un produit de luxe. Dans l’avenir, les marchés locaux seront submergés par le riz hybride ou encore le riz importé si les principales zones
de production du riz sont laissées à leur sort actuel.
Pourtant, depuis des décennies, la région a bénéficié d’importants financements internationaux pour maintenir la région Alaotra en tant que grenier à riz de Madagascar. En particulier, les Japonais ont beaucoup fait dans cette région pour aider la production rizicole.
La protection des bassins versants a été l’un des principaux objets de ces financements. Mais le manque d’entretien qui incombait à la partie malgache a fait défaut. Et quand on se décide à se pencher sur le sujet, il est trop tard. Il faudra reprendre tout à zéro.
C’est le principal problème dans ce pays. Au lieu de réaliser dans les normes les travaux d’entretien périodique requis, on attend que les infrastructures se dégradent entièrement. Dans ces conditions, il faut mobiliser de nouvelles ressources importantes, ce qui n’est jamais assuré à l’avance.
Cette démarche aurait pu être évitée si ces entretiens ont été faits dans le temps et des économies non négligeables auraient été faites. Et les infrastructures d’utilité publique connaissent le même problème (barrages de retenue d’eau, routes, …). On peut toujours changer ces mauvaises habitudes. Mieux vaut tard que jamais.
Aimé Andrianina