Mercredi des idées en goguette: le divin, une activité rentable

Un marché florissant ! Devenir pasteur ou prédicateur d’une église et faire des an­nonces miracles à tout bout de champs. Voilà le nouveau « business » dans les pays en voie de développement. Tout comme la plupart des pays en Afrique, Madagascar n’échappe pas à cette mode. Ces derniers temps, en effet, de nombreux prédicateurs et pasteurs montent au filet, que ce soit à travers les réseaux sociaux ou les plateaux de télévision, pour faire croire à leurs fidèles la véracité et la crédibilité de leur vantardise.
Il ne se passe pas une semaine sans que l’on voie ou entende des bévues de leur part. Il y en a un qui prétend parler au nom des anges, et qui fait le chou gras des internautes, tandis qu’un autre se dit envoyé spécial de Dieu. A cela s’ajoutent ceux qui, il en existe partout d’ailleurs, prétendent guérir les morts. Des prédicateurs « ex­perts » venus d’autres horizons sont d’ailleurs annoncés comme des messies à leur arrivée
au pays, à l’instar des grandes stars sportifs ou des chanteurs reconnus mondialement. Leurs affiches sont partout. Et pas seulement dans la capitale. Leur influence commence d’ailleurs à dépasser largement le cadre de leur « confession ».
Certains se déplacent de districts en districts pour faire connaitre leur savoir-faire. « Penser et communiquer le divin est une activité rentable dans le monde, et plus encore en Afrique », a d’ailleurs fait remarquer un chercheur à ce propos. Il faut reconnaître que le terrain y est propice, avec le nombre grandissant des analphabètes et de la pauvreté.
En tout cas, l’explosion du nombre des églises ces temps-ci de­vra inquiéter les responsables étatiques qui, paradoxalement, restent de marbre face aux agissements et tromperies d’une grande partie de ces prédicateurs.
Au moment où l’on évoque souvent des exemples qui viennent d’ailleurs, il faudrait suivre de près ce qui se passe au Rwanda. De­puis quelques années, les autorités rwandaises ont choisi d’adopter une loi visant à exiger un diplôme en théologie aux prédicateurs. Il a été indiqué que les prédicateurs devraient avoir un diplôme en théologie avant d’être autorisés à prêcher dans les églises et les mosquées. L’ob­jectif était de mettre de l’ordre dans les églises et les mosquées, où les prédicateurs non qualifiés trompent souvent leurs congrégations.
Il faut se dire que dans un pays à majorité d’analphabètes, il est patent de constater que les prédicateurs qui promettent monts et merveilles à leurs adeptes se pavanent en véhicules flamboyants, tandis que leurs fidèles, en tout cas dans la majorité, continuent de vivre dans la misère.
Ceci étant, il est plus que temps que les autorités prennent des dis­positions là-dessus. Au-delà du folklore que certains présentent sur les réseaux sociaux, il faudra sérieusement commencer à surveiller de près et contrôler les agissements de ces individus.

Rakoto

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