Electricité, carburant: Toamasina en souffrance

Grève des transporteurs, coupures d’électricité. La population de Toamasina vit des heures difficiles depuis quelques jours, entre crainte d’une pénurie de carburant et délestages.

La grève des transporteurs réunis au sein du Syndicat des conducteurs professionnels de Madagascar (SCPM) commence visiblement à impacter le quotidien des habitants de Toamasina. Depuis la nuit de mercredi et même dans la journée d’hier, des files d’attente se sont formées au niveau des stations-service, du moins les rares dont les pompes ont continué à fonctionner.

Cela fait maintenant quelques jours que les chauffeurs de camions citernes membres du SCPM ont entamé une grève pour réclamer la libération de leurs collègues interpellés en début de semaine dans la ville du Grand port pour vol de carburant, et qui auraient été agressés au cours de leur interpellation, selon le président de syndicat, Joelson Gabriel Rakotoarisoa. Cela fait également quelques jours que les camionneurs ont arrêté d’approvisionner les stations-service.

Afin de garantir la continuité de fourniture en carburant, le ministère de l’Energie et des hydrocarbures a pris le taureau par les cornes en émettant un ordre de réquisition à aux transporteurs de charger leurs camions, dédiés au transfert d’hydrocarbures, de produits pétroliers et d’assurer leur acheminement vers les différents dépôts de stockage de la Logistique pétrolière. Et, pas plus tard que cette nuit, des camions citernes ont déjà commencé à approvisionner les stations-service de la ville. De leur côté, les camionneurs ont consenti à assurer un service minimum.
Dans tous les cas, le problème ne semble à aucun moment affecter la capitale. “Il n’y a rien à craindre. Le stock de sécurité est largement suffisant pour au moins quinze jours”, rassure le gérant d’une station-service à Antananarivo.

Les opérateurs inquiets

L’approvisionnement en carburant à Toamasina a donc été suspendu pendant quelques jours, et seule la compagnie nationale d’électricité a été livrée. Il n’en demeure pas moins que la ville a encore été privée d’électricité pendant de longues heures, hier. D’après les responsables de la Jirama, un problème technique touchant un “câble de liaison” a contraint la compagnie à procéder à des délestages tournants dans tous les quartiers.

La semaine dernière, un blackout de plus de 24 heures avait déjà provoqué l’ire de la population qui avait organisé des manifestations monstres dans la ville. Les responsables de la Jirama avaient alors invoqué un retard dans la livraison de fuel lourd. Mais à en croire les témoignages, les coupures n’ont pas discontinué ces derniers jours.
Pour une ville de l’envergure de Toamasina, la note est salée. Et les opérateurs sont aux abois, les industriels, inquiets. “Nous avons des clients européens qui sont très regardants sur la qualité. Nous avons déjà un problème en termes d’énergie avec les coupures au quotidien. L’électricité nous coûte chère alors qu’elle n’est toujours pas disponible. La seule solution qui se présente à nous est le carburant pour alimenter les groupes électrogènes. En ce moment, le carburant se fait rare. Autrement dit, on risque gros”, alerte un industriel qui œuvre dans la transformation de fruits et légumes et qui exporte vers l’Europe.

Sans compter l’état de la route nationale, pénalisant la région toute entière, alors même que Toamasina est censée être la capitale économique du pays.

 

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