Rencontre avec un chercheur: Entre perceptions locales et enjeux de conservation

L’Institut français de Madagascar (IFM) à Analakely a accueilli, samedi, la « Rencontre avec un chercheur », organisée chaque mois par l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Sous le thème « La perception des enjeux de la conservation de la biodiversité à Madagascar », cette rencontre a réuni des experts renommés dont Alexandra Razafindrabe, enseignant-chercheur à l’Université d’Antananarivo, et Philippe Meral, directeur de recherche à l’IRD-UMR SENS.

Selon Alexandra Razafin­drabe, l’exemple de l’aire protégée d’Antrema, située au Nord-ouest de Madagascar près de Maha­janga, illustre parfaitement les défis auxquels sont con­frontés les gestionnaires de la biodiversité. Cette réserve, bien que de taille modeste avec ses 20.000 hectares, abrite une biodiversité excep­tionnelle dont l’habitat du sifaka ou propithécus couronné. Cependant, avec une population avoisinant les 1.000 habitants en 2016, principalement engagée dans la pêche, l’agriculture et l’artisanat, la pression humaine sur cette aire protégée est devenue importante étant donné le doublement de l’effectif des habitants.

Alexandra Razafindrabe, souligne que «Malgré la bon­ne connaissance des en­jeux par les gestionnaires, la question de l’adhésion de la population aux objectifs de conservation reste cruciale pour la pérennité de l’aire protégée».

D’après les observations de Philippe Meral, «Les aires protégées sont souvent difficiles à maintenir dans le temps, en raison notamment du manque d’adhésion des populations locales». Les études menées sur l’aire protégée d’Antrema mettent en lumière la nécessité de valoriser le rôle des gestionnaires et de promouvoir une adhésion authentique des communautés locales aux objectifs de conservation. Cet expert insiste sur l’importance de «travailler sur la perception, la sensibilisation et l’éducation pour que la po­pulation s’approprie les en­jeux de la biodiversité et con­tribue activement à sa préservation ».

Approche inclusive

L’expérience d’Antrema révèle des facteurs clés in­fluençant l’adhésion des po­pulations locales, «notamment la proximité du camp de base, les évolutions du niveau de revenus et le soutien apporté pour le développement des activités locales», comme l’a expliqué Alexandra Razafindrabe. Ces éléments soulignent l’importance de prendre en compte les réalités socioéconomiques et culturelles dans la gestion des aires protégées.

Pour dire que la gestion durable de la biodiversité à Madagascar passe par une approche inclusive, où la collaboration étroite entre les gestionnaires, les scientifiques et les communautés locales est essentielle. Il est impératif de sensibiliser, éduquer et impliquer activement les populations dans la préservation de leur environnement, pour assurer un avenir durable à la richesse naturelle unique de la Grande île.

Arh.

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