Agroforesterie: une technique ancienne au service de l’agriculture moderne

Dans le contexte actuel de stress hydrique et de recherche de méthodes agricoles durables, les ingénieurs agronomes explorent diverses techniques pour assurer la pérennité des cultures. Parmi celles-ci, l’agroforesterie émerge comme une solution prometteuse.

Au sein du Centre de formation agricole et d’élevage du « Village Aina Enfance et Avenir » à Antanandrano Antanana­rivo, les techniciens se penchent sur l’utilisation des « Oyas » – des jarres en argile enfouies dans le sol jusqu’au ras du cou de la jarre, remplies d’eau et obturées avec un couvercle.
Cette technique, basée sur un système d’irrigation est une méthode ancestrale redécouverte. Les Oyas, également connues sous le nom d’« ollas », sont des récipients en terre cuite poreuse, permettant une irrigation lente et efficace des cultures. Bien que son origine exacte soit sujette à débat, certains chercheurs la situent en Chine il y a 2000 ans, tandis que d’autres évoquent des utilisations antiques dans le bassin méditerranéen.
Marie Ange Soambola­fara, directrice du « Village Aina, Enfance et Avenir », explique que « cette méthode, en plus d’être écologique, est deux à trois fois moins gourmande en eau que l’arrosage classique ». Les Oyas sont fabriquées localement par des potiers de Mahitsy, utilisant de l’argile et de la sciure pour leur construction artisanale.
L’agroforesterie, principe sur lequel repose cette technique, consiste à associer arbres et cultures sur une même parcelle. Cette pratique ancestrale favorise une meilleure utilisation des ressources, une diversité biologique accrue et la création d’un microclimat favorable aux rendements. Les arbres fournissent de l’ombre, de la biomasse pour le compost et le paillage, et des matières organiques bénéfiques au sol.

Formation technique

Au Village Aina, cette approche est mise en œuvre avec succès. Vingt-cinq espèces végétales différentes, dont jacquiers, avocats, ba­naniers et goyaviers, sont associées à des Oyas placées au pied de chaque arbre pour une irrigation ciblée des racines. « Cette méthode permet d’économiser l’eau tout en nourrissant les arbres de ma­nière efficace, particulièrement dans des sols perméables où l’eau s’infiltre rapidement », ajoute Marie Ange Soambo­lafara, l’ingénieur chargée de superviser les jeunes mères de familles vulnérables bénéficiant de cette formation technique.
L’adoption de cette technique dépasse les frontières de Madagascar. La semaine passée, dix étudiants en BTS Gestion et Maîtrise de l’Eau (Gemeau) et Gestion et Pro­tection de la Nature (GPN) du Lycée agricole de Saint-Paul de La Réunion se sont imprégnés de cette techni­que, lors d’une visite au Centre de formation du Vil­la­ge Aina. Supervisés par des accompagnateurs réunionnais, ces jeunes ont mis en pratique leurs connaissances dans le cadre d’un projet d’agroforesterie, témoignant ainsi de l’importance croissante de la coopération ré­gionale dans le domaine agricole.
Au vu de cette expérience, l’agroforesterie avec les Oyas offre une réponse innovante et durable aux défis de l’agriculture moderne.

Arh.

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