Mercredi des idées en goguette: Quelques idées sur la culture mondialisée

Aya Nakamura chantera-t-elle à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris ? C’est le sujet qui fait parler tout le monde de la culture et de la politique ces temps-ci. Du simple citoyen aux acteurs politiques et responsables politiques, en passant par les personnalités de la société civile. Pourtant, il semble qu’elle serait la voix francophone la plus écoutée à l’étranger. C’est que, du point de vue de certains français, elle n’est pas re­présentative de leur pays. D’origine ma­lienne, elle utilise le langage des jeunes de la banlieue française avec, bien évidemment, des vocabulaires loin de Molière, et pas qu’un peu. C’est d’ail­leurs ce qui fait bondir l’extrême droite, qui ne manque pas une occasion de le rappeler. Ce débat, loin de l’insularité malgache, invite en tout cas à la réflexion pour diverses raisons.
La première c’est qu’on vient justement de célébrer la variété de la langue française, le 20 mars dernier, comme c’est le cas chaque an­née. En 2023, la secré­taire générale de la Francophonie, avait d’ailleurs adressé ceci comme message à l’endroit de la grande fa­mille francophone : « Plaçons la diversité des cultures francophones au cœur des célébrations. Écoutons, regardons, téléchargeons, découvrons, chantons, dansons au tempo et au rythme des imaginaires francophones qui sont d’une richesse inépuisable ». C’est que dans un monde de diversité culturelle, en pleine mutation, la langue évolue et le français n’y échappe pas, notamment auprès des jeunes qui constituent la grande majorité de la population, et en particulier en Afrique.
La seconde réflexion tourne autour de la mondialisation de la culture. Depuis que certains pays ont réussi à exporter leur culture, par rapport à d’autres qui continuent de subir, il n’existe plus de barrière entre ceux qui doivent chanter telle ou telle chanson. A cela s’ajoute d’ailleurs le mé­tissage. A l’heure actuelle, qu’on le veuille ou non, un citoyen britannique peut très bien chanter du reggae et du salegy, autant qu’un indien pourra chanter en lingala ou en espagnol. Nous sommes tous citoyens du monde, et qu’il ne s’agit plus de question de visa. Si économique la planète terre est devenue un vaste marché, sur le plan culturel, c’est aussi une grande partition où chacun peut jouer de sa musique. Le monde est ainsi fait et il faudrait s’y faire. Gare à ceux qui, au XXIe siècle, restent encore cantonnés dans des idéologies à des années lumières de l’évolution humaine.
Enfin, s’il faut encore ajouter, c’est que dans certaines catégories de société, il existe des codes à respecter, principalement en termes de culture, et que s’il existe des gens qui osent casser le code, alors ils se­ront méprisés. Sauf que c’est, dans un monde métissé, il n’y a plus de codes. Et que ce sont les personnalités de la culture qui ont cassé des codes et qui furent mé­prisées à leur époque qui sont aujourd’hui les plus connues et les plus populaires.

Rakoto

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