Une véritable passoire

Il y a une semaine, 25 personnes ont été interpellées par les éléments de la compagnie de gendarmerie d’Am­banja et ceux du groupement de gendarmerie de Diana. Ces personnes s’apprêtaient
à embarquer en vue d’immigrer clandestinement à Mayotte.
Ce n’est pas la première fois que des personnes ont tenté de quitter clandestinement la Grande île. Mais cette fois-ci, c’est la nationalité des passagers qui interpelle. En effet, outre les passeurs qui sont de nationalité malgache, il y avait aussi 16 Somaliens, 4 Ethiopiens et 1 Kenyan.
Il est d’une évidence que si ces étrangers s’apprêtaient à embarquer à Ambanja à destination de Mayotte, c’est qu’ils étaient déjà présents sur le territoire national. La question qui se pose est : Etaient-ils en situation régulière lors de leur présence à Madagascar ?
On peut émettre quel­ques doutes à ce sujet. En effet, ces derniers temps, de nombreux étrangers en situation irrégulière sur le sol malgache ont été appréhendés suite à des actes illégaux qu’ils ont perpétrés et qui ont amené les représentants des forces de l’ordre à intervenir.
Autrement dit, tant que ces étrangers en si­tuation irrégulière restent tranquilles dans leur coin, ils ne sont pas in­quiétés. Pourtant, beaucoup d’entre eux viennent avec un visa de touriste et restent dans le pays plusieurs mois, voire plusieurs années.
Fait étonnant, à Ma­da­gascar, on n’a jamais assisté à une scène montrant un policier mal­gache contrôlant les pa­piers d’un étranger en dehors des services des douanes. Il y en a peut-être eu mais très rarement si bien qu’on ne s’en est pas aperçu. Pour­quoi ? Par crainte d’être taxé de xénophobe ?
Pourtant, sous d’autres cieux, ces contrôles de routine se font tout naturellement sans qu’on crie à la xénophobie. Et généralement, l’étranger qui y est soumis s’y plie sans chercher à faire des histoires. C’est la règle du jeu et tout le monde la respecte.
Ainsi, si l’on tient compte de la présence de toutes ces personnes en situation irrégulière sur notre sol, Madagascar ne constitue pas seulement un point d’embarquement pour les immigrations clandestines, c’est également une terre d’asile pour tous les aventuriers de tout acabit qui se mêlent sans anic­roche à la population.
Qu’on le veuille ou non, cette situation est due à l’insuffisance des moyens (humains et ma­tériels) mis en place pour lutter contre l’émigration et l’immigration clandestines. Il faut également tenir compte, pour une raison ou une autre, de la complaisance de certains responsables des frontières.
Si cette situation perdure, une situation dans laquelle on entre ou on sort de Madagascar com­me dans un moulin, cela pourra devenir dangereux pour le pays. On ne sait jamais à qui on va avoir affaire quand nos frontières sont comparables à une véritable passoire.

Aimé Andrianina

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