Viol sur mineurs, violences basées sur le genre, insécurité en ville, délivrance de passeports… Autant de sujets cruciaux qui ont été décortiqués par le Contrôleur général de police (CGP) Herilala Rakotoarimanana, ministre de la Sécurité publique, au cours d’une interview.
– Les Nouvelles : Les cas de viols sur mineurs ont pris une proportion alarmante ces derniers temps, une centaine de cas signalés depuis le début de l’année. Quelle mesure la police nationale avait-elle prise pour les endiguer ?
* CGP Herilala Rakotoarimanana : Ces derniers temps, nous avons reçu 108 plaintes. Qui dit 108 plaintes dit 108 victimes, dont quatre garçons. 70 suspects ont été arrêtés et déférés. C’est malheureux, mais c’est la triste réalité. Toutefois, je dirais que c’est plus ou moins compréhensible dans la mesure où actuellement, nous faisons face à la déliquescence de la société en général, pour ne parler que de la prolifération de la vente et la consommation de drogue. Mais cela prouve aussi que nos efforts ont porté leurs fruits. Je m’explique. La police nationale, par le biais de la Brigade féminine de proximité (BFP) et avec l’appui de l’association Fitia dirigée par la première dame, a lancé une vaste campagne de sensibilisation et de prévention, afin de faire prendre conscience de l’ampleur des violences sexuelles faites aux mineurs, pour mettre fin aussi au silence autour des viols sur les mineurs et apporter des solutions concrètes en matière de signalement et de détection. En l’espace de deux mois, nous avons pu contacter plus de 300.000 personnes. Les équipes de la BFP ont multiplié les descentes sur terrain. Elles ont visité des écoles, travaillé avec diverses associations privées ou confessionnelles, elles sont allées dans les fokontany. Nous ne sommes pas sans savoir que les problèmes sexuels ont toujours été un sujet tabou dans notre société, mais après la sensibilisation, les gens n’ont plus peur de dénoncer et de porter plainte.
– En matière de prise charge des victimes, qu’est-ce que la police nationale prévoit ?
*Avant de vous répondre, je tiens à préciser que tout comme la lutte contre la Violence basée sur le genre (VBG), la lutte contre les violences sexuelles faites aux mineurs figure parmi les défis des 100 jours de mon département. Comme je viens de le dire, la BFP se charge de la sensibilisation. De son côté, la Police des mœurs et de la protection des mineurs (PMPM) s’occupe de la prise en charge des victimes. Il faut savoir que toute agression sexuelle doit être considérée comme une urgence médicale, judiciaire et psychologique et la police est là pour prodiguer des conseils sur les démarches à suivre.
– Parlons maintenant de l’insécurité
* Je vais vous répondre sans langue de bois. Nous faisons face à une recrudescence de l’insécurité, certes, mais nous ne restons pas pour autant les bras ballants. Conformément à notre devise «Police nationale, protéger et aider la population», des mesures drastiques ont été prises pour ne citer que l’opération «Sarika» qui vient d’être lancée. En vue de nous rapprocher davantage de la population, des infrastructures ont été également construites. 31 nouveaux bâtiments sont en cours de finition, 10 pour des directions régionales de sécurité publique et 21 pour des commissariats de sécurité publique. Le concours pour le recrutement de 1200 policiers sera également organisé les 4 et 5 mai, en vue d’étoffer l’effectif de la police. En termes de chiffre : 468 cas de vol à main armée ont pu être déjoués, 1264 suspects ont été arrêtés et 64 bandits tués.
– Et qu’en est-il de la délivrance de passeport qui avait fait l’objet de plusieurs remarques pertinentes ?
* Avant, on a observé de longues files d’attente, provoquant la grogne du public, au service des passeports à Anosy. En vue d’y remédier et afin d’apporter des services plus proches de la population s’inspirant de la technologie et lutter contre les éventuels cas de corruption, nous avons lancé la digitalisation du système de délivrance de passeport, notamment la prise de rendez-vous en ligne. Mais sachant que tout le monde n’a pas accès à Internet, les demandeurs peuvent se rendre directement au service des passeports à Anosy pour effectuer leur demande. Nous avons également mis en place un box d’informations où les usagers peuvent s’enquérir davantage de renseignements sur l’obtention de passeport. Un box de doléances a également été mis en place pour dénoncer les éventuels cas de corruption. Si le dossier est validé, le demandeur peut récupérer son passeport dans un délai de 60 heures contre 72 heures auparavant.
Mparany