Comme à l’accoutumée

A près d’un mois et demi du scrutin des lé­gislatives, les citoyens ne semblent guère y montrer de l’intérêt. Mise à part les quel­ques rassemblements que l’on aperçoit de­vant chaque kiosque
à journaux, montrant qu’on s’intéresse quand même, un tant soit peu, à la vie nationale, la préoccupation quotidienne et principale de la grande majorité de la population est de trouver de quoi remplir la marmite.
Evidemment, seuls les cercles rapprochés du candidat montrent une certaine fébrilité surtout depuis que le dossier de candidature a été déposé. On pourrait dire que la population est peut-être tellement blasée de la pratique politique dans le pays si bien qu’elle ne s’intéresse plus à ces législatives. D’autant plus que les vicissitudes de la vie au quotidien ne sont pas de nature à changer cet état des choses.
On peut penser que ce qui se passe à l’As­semblée nationale pendant les sessions expli­que en grande partie ce désintérêt vis-à-vis de ces prochaines législatives. Même les députés n’assistent pas à ces sessions qui sont marquées par un taux d’absentéisme très élevé des élus. Si les locataires ne s’y intéressent pas, il ne faut pas s’attendre à ce que la population y mette de l’intérêt.
De toutes les façons, pour aggraver encore plus les choses, les réu­nions qui s’y déroulent sont d’une telle morosité que rien n’incite plus à les suivre. Elles ne sont plus animées com­me auparavant. Les nostalgiques du temps passé se souviendront toujours de ces débats qui se déroulaient à l’Assemblée nationale et qui étaient plus qu’animés.
Les joutes verbales qui s’y déroulaient étaient suivies avec un grand intérêt – pour ne pas dire avec passion -, par le grand public qui pouvait s’en régaler quand les débats étaient diffusés en direct à la télé ou la radio nationales. Avec les feux An­driamanjato, Razaka­boana, Razafimahaleo, Manandafy…, il ne pouvait pas en être autrement. Ces gens-là avaient à la fois de l’esprit et de la verve.
Mais aujourd’hui, mê­me les débats n’existent plus avant le vote d’une proposition de loi, aussi importante soit-elle. Cha­que projet de loi est systématiquement voté sans le moindre amendement et passe comme une lettre à la poste. Dans ces conditions, à quoi
la population peut-elle s’attendre ?
Ce dont on peut être sûr est le fait que ces législatives seront plus animées quand arrivera la période de campag­ne électorale. Beaucoup n’attendent que çà parce qu’arriveront alors les vagues de distribution de vivres et autres ar­ticles par chaque candidat sans oublier les rep­résentations artistiques gratuites. Autrement dit, comme à l’accoutumée.

Aimer Andrianina