La pauvreté affecte plus de 79 % de la population malgache. Dans son rapport publié dernièrement, la Banque mondiale s’inquiète surtout de la pauvreté perpétuelle qui continue de défier les efforts de développement dans le Sud de Madagascar.
Malgré une croissance économique prévue de 4,6 %, cette année 2024, le taux de pauvreté reste alarmant, touchant près de 79,7 % de la population malgache, soit environ 24,8 millions de personnes, rapporte la Banque mondiale dans
« Macro Poverty Outlook », publié au mois d’avril. Cette situation place Madagascar parmi les pays les plus touchés par la pauvreté, avec des défis spécifiques dans les régions rurales, en particulier dans le sud de l’île.
Dans le « Cadre de partenariat pays 2023-2027 Madagascar – Banque mondiale » (2023), les réalités de la pauvreté dans le sud de Madagascar sont profondément ancrées dans des facteurs structurels, notamment une faible productivité agricole, des services de base insuffisants, une faible qualité du capital humain et une vulnérabilité accrue aux chocs naturels et économiques. En outre, des problèmes tels que le banditisme, l’anarchie et l’absence de gouvernance ont historiquement entravé le développement de la région.
Les femmes et les enfants sont particulièrement touchés, les ménages dirigés par des femmes et ceux avec de nombreux enfants étant confrontés à des niveaux disproportionnés d’extrême pauvreté et d’inégalités. Les taux élevés de mariages précoces et de grossesses adolescentes contribuent à maintenir ces cycles de pauvreté intergénérationnelle.
Augmentation
de la pauvreté urbaine
La crise du Covid-19 a eu un impact dévastateur sur l’indice de développement humain à Madagascar, aggravant les défis préexistants et menaçant de saper les progrès durement acquis. Dans le contexte de cette crise, la Banque mondiale souligne la nécessité urgente de réformes audacieuses pour stimuler la croissance économique, améliorer le climat des affaires, renforcer le capital humain et investir dans les infrastructures.
Dans son rapport sur l’Urbanisation à Madagascar publié en février 2024, la Banque mondiale révèle également que « la pauvreté urbaine a augmenté, en particulier dans les villes secondaires, en raison de la pandémie, des prix élevés des denrées alimentaires et d’un manque d’opportunités d’emploi décent ». Toutefois, la pauvreté rurale demeure plus prévalente, avec des taux variant selon les régions. Et le sud de Madagascar affichant les niveaux les plus élevés.
Pour briser ce cercle vicieux de la pauvreté, Madagascar doit s’engager dans une croissance économique soutenue sur plusieurs années. Cela nécessite des réformes structurelles visant à renforcer le secteur privé, à améliorer l’efficacité de l’administration publique et à fournir des infrastructures et des services de base fiables.
Les récentes réformes dans des secteurs-clés comme l’exploitation minière, les télécommunications et
l’énergie, sont encourageantes. Mais davantage d’efforts sont nécessaires pour garantir une croissance durable et inclusive. Pour cette institution de Bretton Woods, en mettant en œuvre des mesures telles que l’amélioration de la productivité agricole, le renforcement des marchés locaux et l’investissement dans le capital humain, Madagascar peut espérer briser le cycle de la pauvreté, notamment dans le Sud.
Arh.