« Repoblika : ho an’ny fanabeazana sy fahalalahana », une foule nombreuse s’est réunie hier à la Faculté de droit et des sciences politiques de l’Université d’Antananarivo pour une conférence et un concert.
Les débats ont porté sur deux thèmes principaux : le rôle de la liberté artistique dans un contexte où la liberté d’expression est restreinte et la réhabilitation des valeurs éducatives du hip-hop pour favoriser la participation citoyenne.
Andrianjaka Rakotomanana, enseignant-chercheur en art, a porté un regard critique sur le morceau collaboratif « Repoblika » qui défraye la chronique depuis sa sortie en décembre. « Le rap, en plus d’être une musique de conscientisation et de reflet de la réalité, a toujours revendiqué son caractère pragmatique », a-t-il signifié. « Le rap est une discipline artistique où la liberté d’expression s’exprime pleinement », à en croire Tahiry Ratsimba du groupe Da Hopp. « Il n’y a jamais eu d’emprisonnement parce que l’artiste a fait du rap engagé ».
Bolo n’a pas manqué de retracer l’origine de la culture Hip Hop, qui était née aux Etats-Unis dans un milieu défavorisé et marginalisé où règnent l’insécurité, la corruption et les injustices sociales en tout genre. «Au départ, on faisait du rap histoire de tromper l’ennui», a-t-il rappelé.
Le rap est-il un vecteur de changement social ? C’était la question à laquelle les intervenants ont été amenés à répondre. Pour Damy Govina, journaliste culturel, « Il était temps qu’on en parle dans un contexte où nous ne disposons pas d’article scientifique ni de contenus journalistiques pour prouver réellement que le rap est un vecteur de changement ».
Les débats d’idées ont par la suite laissé place à un concert animé par Bolo, Level God, Alp, Mashmanjaka, Mbl, Eklyps, Geoscar, Epistolier, Dee Andriambelo & Meji, Double G, Saboodak, Yrist, Printsy, Mason’aloka, Takodah & Ngah Be, Dj Hman et Lylriks. Les rappeurs ont profité de la conférence pour présenter au public étudiant leur album collaboratif « Repoblika », composé de 16 titres. « La situation actuelle du pays concerne tous les citoyens. De mon côté, les morceaux que j’ai écrits dans l’album sont un cri du cœur. La crise dans tous ses états à Madagascar, on la vit au quotidien », conclut Mbl, l’une des têtes d’affiche.
Joachin Michaël