L’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure (France), le 14 mai et qui a coûté la vie à au moins deux agents pénitentiaires français (trois autres seraient gravement blessés), soulèvent de nombreuses questions sur les conditions réelles de travail de nos agents pénitentiaires dans l’exercice de leur fonction.
On sait trop bien que c’est un métier où les agents encourent de nombreux dangers, à tout moment, dans de nombreuses circonstances. A la moindre mutinerie à l’intérieur de la prison ou d’une tentative d’évasion, des évènements qui sont toujours dangereux, ils se trouvent de facto en première ligne.
Même le danger est omniprésent pendant les transferts des prisonniers, ne serait-ce qu’entre la prison et le tribunal ou le ou les prisonniers doivent comparaître devant le juge d’instruction. Ces transferts arrivent souvent, pour ne pas dire quotidiennement. Et c’est là que le danger est le plus grand.
Comme cela s’est passé dans l’Eure, le bénéfice de complicité de l’extérieur encourage les prévenus qui cherchent à échapper à leur condamnation respective à réaliser des «coups» plus qu’audacieux. Cela n’est plus à écarter à Madagascar car le grand banditisme y a déjà atteint un niveau très élevé.
Pour toutes ces raisons, la première question qui se pose est : nos agents pénitentiaires ont-ils reçu une formation adéquate pour faire face à de telles éventualités ? Le doute est permis car il arrive que certains prévenus réussissent à prendre la clé des champs pendant leur transfert.
Quant à l’intérieur des maisons de détention, la situation laisse également à désirer. Hormis quelques rares exceptions, il est difficile de dire que les prisons du pays sont fortement sécurisées. D’ailleurs, dans de nombreux cas, les constructions tombent en ruine faute d’entretien. On entend alors parler d’une évasion massive de prisonniers.
Le pire est qu’on ne dispose pas des dispositifs ultra modernes qui évitent tout contact direct entre les prisonniers et leurs geôliers grâce à la mise en place d’un système de surveillance à distance. Pour cette raison, nos agents pénitentiaires sont obligés de côtoyer physiquement les prisonniers.
Pourtant, il ne faut jamais oublier que les hommes dont ils ont la responsabilité de garde tous les jours sont, dans beaucoup de cas, des personnes qui n’ont plus rien à perdre. Un condamné à perpétuité suite à un crime d’homicide ne peut être condamné plus qu’il n’en a écopé. Alors, un homicide de plus ne fera pas de différence pour lui.
D’autant plus qu’on ne peut jamais prévoir à l’avance ce que ces rebuts de la société mijotent. Pour toutes ces raisons, on est en droit de se demander si les agents pénitentiaires bénéficient, tout au moins, de primes de risque élevées ? Le moins qu’on puisse dire est que c’est un métier à haut risque.
Aimé Andrianina